Ida Treat
Ida Treat est américaine, auteure, aventurière et grand reporter pour des publications françaises et américaines. En 1923, elle épouse Paul Vaillant-Couturier qui deviendra un révolutionnaire communiste et, à partir de 1926, rédacteur en chez de l’Humanité. Au retour d’un voyage en Chine, Ida Treat fait escale à Djibouti et aperçoit Henry de Monfreid. Plus tard, c’est Teilhard de Chardin qui présente Monfreid au couple Vaillant-Couturier. Ida lui conseille de faire un livre de sa vie, ce qu’il dédaigne en proposant à son amie de s’en charger. En 1929, l’aventurière s’embarque pour Djibouti et se plonge dans l’univers de Monfreid. De son expérience, elle tire un livre intitulé Croisière secrète, achevé d’imprimé le 8 octobre 1930 et publié chez Gallimard. On regrettera que la photo de couverture n’ait pas de crédit photographique ni de légende. C’est dans le National Geographic Magazine que la photo est légendée : « Kassem at the tiller ». Le récit dévoile quelque peu les opinions de l’auteure, dépeint la vie de son héro telle qu’elle la perçoit mais se concentre tout particulièrement sur Kassem, homme de confiance et membre d’équipage d’Abd el Haï, le nom que Monfreid a adopté après sa conversion à l’Islam. Deux passages donnent une idée du ton employé. Le premier est l’anecdote de l’hyène qui menace Ida, page 26 :
« Le blanc, ici, avec l’importance qu’il donne à la mort et au coup de fusil, fait figure de Tartarin. Le blanc serait apparu, revolver à la ceinture et fusil au poing, casqué, guêtré, splendide. Par-dessus mon épaule, il aurait visé l’hyène, et d’une balle explosive en plein œil gauche l’aurait étendue raide morte. Après cela, il aurait fallu faire une photographie des deux, de l’imbécile et de la bête, et conserver une reconnaissance éternelle à l’imbécile. […] Kassem a fait à l’hyène une farce utile avec une fronde à singes, et l’hyène pourra continuer à débarrasser de leurs détritus les alentours des cases. »
Le deuxième extrait décrit les voyageurs dans le train, page 46 :
« L’Europe grelotte de fièvre dans notre wagon de première classe. Des défaites descendent vers Djibouti, en partance pour les ports des métropoles ou en chemin vers l’hôpital. Epaves que ne sauve de couler à pic que leur qualité d’être blanches. A côté, des fonctionnaires reviennent de vacances.
J’entre dans le monde des paroles inutiles. »
Le lecteur suit Ida d’Harrar à Djibouti et embarque avec elle pour une croisière en mer Rouge.
La biographie d’Henry de Monfreid par Ida Treat intitulé Pearls Arms and Hashish. Pages From The Life of a Red Sea Navigator, Henri Monfried (sic) paraît en anglais, en 1930, à Londres, chez Victor Gollancz. La conclusion est rédigée à Obek en novembre 1929. Avec l’accord de Monfreid, l’auteure a entre les mains les journaux de bord d’une douzaine de croisières en mer Rouge et dans l’océan Indien, des dessins et des photos. L’ouvrage est agrémenté de photographies, malheureusement sans crédit. En septembre 1931, le National Geographic Magazine publie un article de Ida Treat, illustré de photographies de l’auteure et de Thomas Beyler Jr, Holmes from Galloway, Ewing Galloway.
Biblethiophile, 02.09.2020, màj 12.12.2020