Henri d'Orléans - Biblethiophile

↗ 1897 (02) ↘ 1897 (07) ↗ 1898 (04) ↘ 1898 ca (07)

Dans une visite à l’Empereur Ménélick. Notes et impressions de route, le prince Henri d’Orléans dit vouloir « contribuer à l’expansion scientifique, morale, commerciale de l’influence française en Abyssinie » qui répond à une tendance générale née de l’épilogue de la bataille d’Adua. Sans nommer expressément ses compagnons de voyage, Henri d’Orléans mentionne Lucinge, Le Gouidec, de Poncins et Mourichon. En réalité, le vicomte Edmond de Poncins et Raoul Mourichon accompagnent le prince mais ne publient pas le récit de leur voyage. Cependant, deux lettres du vicomte permettent de croiser les informations[1]. La première d’Harar, datée du 19 mars et la seconde, après son retour en France, en date du 28 juillet, toutes les deux ne contenant que des renseignements géographiques.

Ces deux sources nous apprennent que le prince Henri d’Orléans et ses compagnons laissent Djibouti derrière eux le 28 février 1897, probablement fort bien chargés car ils emportent avec eux un cinématographe, un appareil photographique et un phonographe. Le ras Makonnen à Harar le 13 avril et le negusä nägäst Ménélik II à Addis-Abéba le 13 avril, les reçoivent, comme les nombreuses autres missions d’ailleurs. La mission de Lagarde, dont Vignéras fait partie, les a devancés au départ de Djibouti. Une photo du palanquin de Lagarde, s’en retournant à la côte, figure dans le récit du prince. Une autre mission a également une longueur d’avance, celle de Bonchamps et Bonvalot. Pour l’anecdote, le Prince et Bonvalot avaient parcouru l’Asie ensemble, il y a huit ans. Léontieff est aussi en marche pour Addis-Abéba.

En ce début d’année 1897, la capitale abrite une quinzaine d’Européens, sans compter les prisonniers italiens. Henri d’Orléans décrit la ville nouvelle, ses environs, ses habitants, les événements marquants comme l’arrivée de la mission anglaise de Rodd. Bonvalot abandonne, remet la direction à Bonchamps et rentre en France. Le 18 mai, la désormais « Mission Bonchamps » quitte la Nouvelle Fleur. Le 7 juin, Henri d’Orléans et de Poncins suivent l’exemple de Bonvalot. Le 24 juin, à mi-chemin, le prince bifurque et se rend à Harar. Des légendes de photos laissent penser qu’il est encore sur la côte au mois de juillet 1897. Il dit laisser ses bagages derrière lui, certain de revenir pour réaliser un grand projet en collaboration avec Léontieff.

Avant d’aborder son second séjour, listons quelques noms de personnes que le prince a rencontrées. Hormis les membres des autres missions, il croise Mgr Taurin, Guignioni, Maximoff, le général Albertone, Boulatovitch, Buffet, Elbaiz, Drouin. Pour l’anecdote, il rapporte une photographie de Ménélik, signée de l’empereur et, plus surprenant, l’enregistrement de la parole du vainqueur de la bataille d’Adua. Où se trouvent ces deux objets ?

De retour en France, Henri d’Orléans et Léontieff créent la mission éponyme dont le but officiel est : « la mise en valeur des immenses terrains concédés par le Négus à la nouvelle société Franco-Russe-Ethiopienne ». Le journal A travers le monde du 28 mai 1898 reproduit les propos d’une lettre du Dieppois Henri Leymarie qui, dans un premier temps, dément que l’expédition ait pour objectif de rejoindre les missions Liotard et Marchand mais, dans un second temps, confirme que la mission « a une portée politique importante, puisqu’elle a le Nil Blanc pour objectif et qu’elle doit nécessairement établir dans la région du lac Rodolphe un obstacle aux progrès des Anglais ». Au terme de cette aventure, la lettre du prince d’Orléans au gouvernement sera moins nuancée.

Les chefs de mission arrivent à Djibouti au mois d’avril 1898. Léontieff accompagne la caravane en partance pour Harar où il sera victime d’un accident. Son rapatriement en France interrompt l’expédition. Le prince ne voit aucune raison d’attendre à Djibouti et finalement abandonne le projet en apprenant que Marchand est à Fachoda, la crise couvant. Léontieff retourne et poursuit son objectif, grâce, entre autres, à Leymarie.

Biblethiophile, 01.05.2021, m.-à-j. 14.08.2023, m.-à-j. 12.08.2024.

[1] PONCINS (Edmond, vicomte de), [Afrique : Abyssinie], Comptes rendus des séances de la Société de Géographie, 1897 N°14, p. 231 et id., Voyage du prince H. d’Orléans et MM. de Poncins et Mourrichon, Comptes rendus des séances de la Société de Géographie, 1897 N°15, p. 205.