Carlo Lucarelli
Une fois n’est pas coutume, un roman entre dans la collection. On devrait parler d’une trilogie fictionnelle, totalement hors norme. On aime ou on aime pas, c’est le lot de tout roman. Dans les deux cas, on ne peut que féliciter l’auteur d’avoir eu l’idée d’utiliser le contexte de l’Érythrée de la fin du XIXème siècle pour embarquer le lecture dans ses histoires policières.
Le traducteur, Serge Quadruppani, tout comme l’éditeur Métaillé, ont leur part dans le succès de cette trilogie.
Sur son site[1], l’éditeur propose une courte biographie de Carlo Lucarelli :
« Carlo LUCARELLI est né à Parme en 1960. Chroniqueur, scénariste et dramaturge italien, il est l’auteur de nombreux livres, romans policiers, thrillers et livres d’enquêtes, dont les best-sellers traduits en France, Almost Blue et La Huitième Vibration. Il anime une grande émission de télévision sur des affaires non résolues. Son dernier livre paru, Une affaire italienne (Métailié, 2021), a remporté le prix Violeta Negra Occitanie 2022. »
Il présente la quatrième de couverture de chaque livre :
« La huitième vibration[2]. Janvier 1896. Un corps expéditionnaire débarque dans la colonie italienne d’Erythrée. Il est composé de recrues de toute la péninsule, avec leurs histoires, leurs accents, leurs espoirs et leurs mille dialectes: l’anarchiste décidé à porter la sédition, le rêveur d’Afrique qui en mourra, le Major drogué et psychotique, le héros pressé d’affronter le désert, les caporaux cyniques et aussi le brigadier de carabiniers qui s’est engagé pour débusquer parmi les officiers un assassin d’enfants. Sur place, ils vont trouver une population indigène aux langues et aux coutumes bariolées, et des colons entre abrutissement alcoolisé et idéologie du progrès, une Africaine mi-sorcière mi-putain, et une Italienne à la beauté délicate et non moins malfaisante. Entre mille fils narratifs, on verra comment une paire de jumelles entraîne une collision entre les petits trafics des commerçants et les menées des espions du Négus, et l’on suivra le destin singulier d’un berger des Abruzzes au parler si obscur que personne ne le comprend : on l’oublie si souvent qu’il finira comme un des rares rescapés de la catastrophe finale, à cultiver son jardin sur les hauts plateaux…
Car, tandis qu’une petite fille danse interminablement dans la poussière, toutes les trames, les amours pures ou perverses, les projets grandioses et les appétits grossiers convergent vers la terrible bataille d’Adoua, la première grande défaite d’une armée blanche devant des troupes africaines…
Carlo Lucarelli, l’un des plus grands auteurs de roman noir italien, livre ici une fresque captivante d’un monde en décomposition qui annonce le nôtre.
A la fois roman policier, récit de voyage, roman d’aventure et d’amour, La Huitième Vibration est surtout un grand roman, tout court. »
« Albergo Italia[3]. À Massaoua quand il fait chaud – et il fait toujours chaud – on peut entendre les rêves des autres. »
Dans l’air brûlant du soir, au cœur de la colonie italienne d’Érythrée, une fille des rues, mi-sorcière mi-putain, séduit un soldat de garde. Un peu plus tard, dans le palace Albergo Italia, un homme est retrouvé pendu : suicide ou meurtre ?
On retrouve ici l’atmosphère étouffante et hallucinée de La Huitième Vibration, avec un très pittoresque duo d’enquêteurs aux prises avec un classique problème de chambre close : Colaprico, le carabinier qui n’aime pas monter à cheval, et Ogbà, son adjoint abyssin, Sherlock Holmes qui s’ignore. Colaprico aura bien besoin d’Ogbà pour échapper aux pièges de Margherita, l’aventurière rousse, d’une horde d’assassins terrifiants, d’un faux géologue et vrai agent secret.
Avec l’habileté consommée du styliste et la maîtrise du grand raconteur d’histoires, Lucarelli entrelace les scènes burlesques et les moments magiques et parfumés, pour nous offrir à la fois un très plaisant polar digne des grands ancêtres et un tableau historique aux couleurs puissantes. »
«Le temps des hyènes[4]. Une épidémie de suicides s’empare de la colonie italienne d’Érythrée : le sort des indigènes n’intéresse guère, mais quand on découvre le corps du marquis Sperandio, propriétaire des terres et pionnier enthousiaste, pendu au plus haut sycomore d’Afelba, les autorités s’émeuvent. Aussitôt le capitaine des carabiniers royaux Colaprico et Ogbà, son Sherlock Holmes abyssin, accourent.
Nos deux enquêteurs s’égarent dans des fausses pistes à dos de mulet, du port de Massaoua aux hauts plateaux d’Asmara : il faudra bien scruter la terre rouge. Une vieille sorcière, un étrange chien féroce, une princesse noire, d’anciennes amitiés, deux sales types qui cachent bien leur jeu et des métaphores à base de piment viennent épaissir le mystère. Les agioteurs mafieux ne sont pas loin, le temps des hyènes a commencé.
Cupidité des colons, hostilité des soldats, racisme crasse font de ce court polar un petit bijou du genre, drôle, efficace et diablement sensuel. Il n’y manque ni le recours aux langues locales de la corne de l’Afrique et de la botte italienne, ni la morale finale comme on l’aime. Une réussite.»
Si vous n’êtes pas encore convaincu, l’avis d’Alain Gascon saura vous faire basculer et passer au clic sur le site de l’éditeur Métaillé : https://doi.org/10.4000/etudesafricaines.30617
Biblethiophile, 21.06.2024
[1] https://editions-metailie.com/livre/la-huitieme-vibration/
[2] https://editions-metailie.com/livre/la-huitieme-vibration/
[3] https://editions-metailie.com/livre/albergo-italia/
[4] https://editions-metailie.com/livre/le-temps-des-hyenes/