De 1829 à 1868

The Highlands of Aethiopia.

HARRIS (W[illiam] Cornwallis) ↗ 1841 (05) ↘ 1843 (01)

Édition

Éditeur : Longman, Brown, Green, & Longmans

Lieu : London

Année : 1844

Langue : anglais

Description

Signature : Exlibris Percival J. G. Bishop.

État du document : acceptable

Références

Réf. Biblethiophile : 1987

Réf. Pankhurst Partie : 1

Réf. Pankhurst Page : 122

Réf. UGS : 0184105

Première entrée : 1841

Sortie définitive : 1843

COLLATION :

2nd ed., 3 vols., lxviii, 419 + xii, 425, [2] (ads) + xii, 432, 32 (ads) pp. + 4 color plates (frontispieces) and folding map in vol. 1, illus. titles to each volume; map is repaired with now-yellowed scotsh.

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Avant-propos

Depuis 2006, ces trois tomes occupent un rayon de la bibliothèque. J’y avais bien mis le nez mais vite refermé les tomes, découragé par un texte sans repère. Après toutes ces années, je me rends compte que les études éthiopiennes ne font pas beaucoup mieux. Elles y font référence mais sans documenter la mission d’Harris. En fait, les sources manquent pour corriger le tir.

Fallait-il cependant se résigner à contempler la reliure sans tenter une autre approche ?

À mon avis, la recherche de cabinet que je vous propose démontre que la mission d’Harris a encore de belles choses à nous faire découvrir.

Après avoir mis de côté la polémique que soulève le récit d’Harris, je brosserai le tableau des années 1830 et 40 en Éthiopie. Ensuite, je passerai en revue tous les témoignages des membres de l’ambassade. Cette maigre moisson nous poussera vers les témoins qui gravitent autour de la mission. Par ce moyen, nous apprendrons dans quelles conditions la mission a quitté l’Abyssinie et nous comprendrons pourquoi la loi du silence règne.

Ceux qui d’ores et déjà se plaindront du texte constellé de dates, je leur présente mes excuses et espère les voir un jour revenir chercher un repère chronologique et une source pour leur recherche.

La polémique

À en croire l’introduction de la première édition de The Highlands of Aethiopia, datée du 1er janvier 1843, à Ankober, Harris aurait rédigé son récit in situ. Le postscriptum qui fait suite excuse la parution une année plus tard. En effet, la première édition paraît en janvier 1844[1].

Très rapidement, Harris est contraint de publier une deuxième édition. En ne considérant que ce qui précède le texte, la comparaison des deux éditions fait apparaître quelques modifications et additions : les chapitres de la table des matières ont été détaillés ; à contrario, le détail des annexes a été supprimé. Mais les 44 pages de l’introduction de la 2e édition, datée du 31 mars 1844 à Londres, sont indubitablement la preuve qu’Harris a essuyé des critiques virulentes pendant les trois mois qui séparent les deux parutions.

Est-il utile d’entrer dans le détail ?

Aux yeux du lecteur moderne, pas vraiment. Les querelles d’apothicaires n’ont plus beaucoup d’intérêts aujourd’hui[2]. S’il fallait retenir une critique qui fait l’unanimité, c’est le style poétique utilisé pour sa prose qui lui rend l’accès aux études éthiopiennes problématique. Retenons la précision d’Harris concernant la forme choisie du récit :

When I undertook to lay before the public an account of my travels in Abyssinia, I had to choose between the inartificial and somewhat tedious form of a journal, and that of a more elaborate history, in which the exact order of dates should not be observed. I preferred the latter[3].

Mieux vaut éviter le débat et se rallier à l’opinion pertinente de Simon Keynes :

The mission to the Kingdom of Shewa has also been judged harshly by historians. It is said that Harris was arrogant, uncomprehending, and heavily dependent on the work of others; and the mission he led takes its place in the record as an ill-judged and mishandled attempt by the British to advance their own interests. One obvious lesson of this exercise is that Harris’s leadership of the mission should be assessed on the basis of his dispatches to the government of Bombay, and not on the basis of the popular account published in Highlands of Æthiopia. Another is that the mission itself should be judged in relation to the detailed instructions given to Harris by his masters, and their own intentions and expectations. Harris’s most purple prose does indeed verge on the unreadable; yet his drawings provide an immediate and most striking record of all that he encountered in the late 1830s and early 1840s[4].

Passons à l’essentiel.

Le contexte

Zämänä mäsafənt, l’« Ère des Princes » est une période de l’histoire d’Éthiopie qui s’étend de 1769 à 1855, l’année du couronnement de Tewodros II. Les ras gouvernent leur région au détriment d’un negusä nägäst réduit au rôle de marionnette[5]. Aux rivalités internes s’ajoutent les menaces turco-égyptiennes aux frontières. En 1830, au Tigré, le däğğazmač Wəbe Haylä Maryam a recourt aux missionnaires protestants pour entrer en contact avec les puissances européennes et leur demander des artisans maîtrisant la technologie des armes[6]. Une stratégie qu’il abandonne le 12 mars 1838 en expulsant les six Européens réfugiés à Adoua : trois missionnaires (Karl Heinrich Blumhardt, Karl Wilhelm Isenberg et Johann Ludwig Krapf) et trois autres Allemands (Carl Christian Friedrich Kielmaier, Keller et Wilhem Georg Schimper). Finalement, seul Schimper est autorisé à rester[7], moyennant des cadeaux au Suzerain. L’arrivée d’Antoine d’Abbadie et du missionnaire lazariste Giuseppe Sapeto change la donne et les alliances.

Au même moment, Charles Beke[8] est consul britannique ad interim à Leipzig et invite son gouvernement à établir une relation politique et commerciale avec le Choa[9]. Une suggestion restée lettre morte.

Au Caire, au mois de septembre 1838[10], Krapf et Isenberg décident de se rabattre sur le Choa et son souverain le negus Sahlä Səlasse. Ils arrivent au Choa le 6 juin 1839 et leur ami Rochet le 3 octobre.

À peine arrivés, Sahlä Səlasse les emmène « en tournée dans une partie de son royaume ». 

Le 3 mars 1840, Rochet retourne en France chargé de cadeaux pour le roi Louis-Philippe. De son côté, Krapf assiste le souverain dans la rédaction d’une lettre à l’East India Company, envoyée par l’entremise du « Political Agent » britannique à Aden, le capitaine Stafford Haines[11]. La missive propose une relation amicale, commerciale et sollicite l’aide de la Grande Bretagne dans le domaine des arts et des sciences, autrement dit des armes et des canons.

L’ambassade britannique

La course contre la montre est lancée. Les marines des deux pays s’en donnent à cœur joie. Des traités et des acquisitions territoriales viennent déstabiliser la région, parmi lesquelles l’achat des Îles Mushak par le lieutenant Barker.

Beke, lui, débarque de son propre chef à Tadjourah le 15 novembre 1840.

La réponse du gouvernement de Bombay à la missive du Negus prend la forme d’une mission diplomatique dirigée par le capitaine William Cornwallis Harris qui, avec une trentaine de comparses, débarque à Tadjoura au mois de mai 1841 et n’atteint effectivement Ankober qu’au mois de juillet.

The Highlands of Aethiopia

La deuxième édition de The Highlands of Aethiopia (1844) débute par l’introduction interminable de quarante-cinq pages évoquée ci-dessus. Ensuite, le lecteur prend connaissance de l’effectif de l’ambassade:

  • Captain Douglas Graham, Principal Assistant.
  • Assistant-Surgeon Rupert Kirk.
  • Dr. J. R. Roth, Natural Historian.
  • Lieutenant Sydney Horton, as a Volunteer.
  • Lieutenant W. C. Barker.
  • Assistant-Surgeon Impey.
  • Mr. Martin Bernatz, Artist.
  • Mr. Robert Scott, Surveyor and Draftsman.
  • Mr. J. Hatchatoor, Britich Agent at Tajúra.

Font suite les membres anonymes du personnel : « Two sergeants and fifteen rank and file ; an Assistant Apothecary ; a Carpenter ; a Smith ; two Tent Lascars ».

Ces trente-deux occidentaux débarquent à Tadjoura le 17 mai 1841.

Le premier volume du récit de Harris est consacré à l’itinéraire qui les mène à Ankober. La forme choisie pour le récit n’est délibérément pas celle d’un journal. Les membres de la mission sont quasiment invisibles et les dates quasiment inexistantes.

Autour du 17 juillet, ils sont reçus par lenegus Sahlä Sellase. Ne manquent à l’appel que deux sous-officiers assassinés dans leur sommeil[12] et qui n’auront eu que l’honneur de sortir de l’anonymat : le sergent Walpole et le caporal Wilson du « H. M. 6th Foot ».

Des annexes ajoutent du crédit scientifique au premier volume comme aux suivants d’ailleurs, sans pour autant qu’Harris ne prenne la peine de mentionner ses auteurs.

Le deuxième volume décrit les trois principales villes : Ankober, Debre Behran, Angolala et les expéditions armées du Souverain.

Avec le troisième volume, le lecteur prend connaissance d’excursions faites par l’ambassade mais doit aussi se coltiner les chapitres consacrés à l’histoire, aux us et coutumes des Éthiopiens. Aucun des membres de l’ambassade ne maîtrisant la langue, on est en droit de penser que le missionnaire Krapf est la source principale de ces renseignements. Deux pages avant la fin du deuxième tome, Harris nous annonce qu’un traité commercial a été signé. Pour en connaître la date, il faut se tourner vers Krapf qui retire le voile sur le 16 novembre 1841.

La date et le récit du départ de la mission du Choa font défaut. Sous cette omission se cache une réalité inavouable que le missionnaire Isenberg et un anonyme dévoileront et pour vous ci-après reproduite.

Les témoignages indirects

Tant que les dépêches d’Harris au gouvernement de Bombay dormiront dans les archives, le récit d’Harris se cantonnera à son idéal. Si le principal intéressé noie le poisson, son entourage peut-il nous renseigner ?

Par souci de clarté, nous nous proposons de nous intéresser dans un premier temps aux membres de l’ambassade et à leurs témoignages. Le cas échéant, un lien emmènera le lecteur vers un compte rendu plus détaillé.

Dans un second temps, l’attention se portera sur les autres acteurs.

Des membres de l’ambassade

La premier cercle comprend les assistants d’Harris, membres de la mission et par conséquent tenus à respecter les directives de leur chef. En toute logique, la liste dressée et publiée par Harris est déterminante.

L’ordre ne sera pas respecté car les faits ont changé quelque peu la donne. En effet, le manque de bêtes de somme à Tadjoura contraint Harris à se rendre au Choa avec Graham, Barker, Kirk, Roth et une escorte d’Européens et à laisser une partie des bagages sous la surveillance de Horton, Impey, Scott, Hatchatoor et Bernatz. Par conséquent, nous traiterons successivement le premier et de second groupe.

Douglas Cuninghame Graham

Le capitaine Graham est un ami de Harris, second de l’ambassade britannique. On connaît de lui un rapport sur l’agriculture au Choa[13] dans lequel aucun détail sur la mission ne transparaît. Ceci dit, son opinion sur le Choa a dû probablement refléter l’opinion générale de l’ambassade :

But it cannot be expected that Abyssinia should, for a length of time, take rank among those countries which are peculiarly happy, wealthy or abundant, as all the prevailing customs and practices are at utter variance with the laws for the production, consumption and distribution of wealth. A heavy taxation is enforced on the produce of the field; monastic and clerical establishments are fostered to the ruin of the people; the venal judges are paid by fees on the causes which they decide; and popular superstition and imposture have the royal sanction for abuse; whilst, on the other, not a vestige of aught that might be useful is ever taken into consideration. Here are no roads constructed for the conveyance of produce and traffic; no schools founded for the benefit of the rising generation; and fear and prejudice alike prevent the inhabitants from travelling to foreign countries to enlighten their ignorant minds by modern invention, or to improve their benighted country by a transfer of modern art and science.

Fait significatif, les archives de Graham concernant la mission ont été remises à Harris et leur trace perdue depuis. Une correspondance avec sa famille est conservée par la National Library of Scotland.

Alors que les Britanniques préparent l’expédition punitive contre le negusä nägäst Tewodros II, la sœur de Douglas, Lady Erskine, publie à compte d’auteur, en 1867 donc, des extraits des lettres reçues de son défunt frère et restées en sa possession. Elles ont l’insigne qualité d’être fidèles à la réalité et de n’avoir pas passé sous le radar d’Harris.

Au retour d’une campagne contre les Oromo, il dit :

The army returned in triumph and we white faces got a very bad name because we would not shoot defenceless Galla, or engage at all in the ruthless massacre[14].

Dans sa lettre du 18 août 1842, il nous apprend qu’il a 40 sketches à son actif, à ce jour inédits. Grâce à Simon Keynes, nous avons un aperçu de son talent[15].

Est-ce que les études éthiopiennes s’intéresseront un jour aux aquarelles de Graham?

William Charles Barker

Au mois d’août 1840 déjà, le lieutenant William Charles Barker de l’Indian Navy s’illustre en prenant possession des îles de Mushakh dans le golf de Tadjourah pour le compte du gouvernement britannique. Il en rend compte dans son article « On Eastern Africa ».

Neuf mois plus tard, l’officier se porte volontaire et prend part à la mission d’Harris, dans le premier groupe. Au mois de septembre, l’ordre de ses supérieurs de retourner immédiatement à Aden lui parvient. Il compte bien y obéir mais en projetant toutefois de rentrer par Harar, ce que le Négus et Harris ne contrecarrent pas.

Ce n’est finalement que le 16 janvier 1842 qu’il parvient à se mettre en route, péniblement et probablement sans grands moyens financiers, Harris étant sommé de réduire les dépenses.

La cupidité des guides a raison de la volonté du lieutenant qui abandonne en chemin, à contre-cœur, bien entendu.

Le 6 février, il arrive à Tadjourah et nolise quatre jours plus tard pour Zaylah. Son journal se termine à Aden en date du 25 février 1842. Charles Johnston rencontre Barker à Aden au mois de mars 1842 et profite de tous les renseignements en possession du lieutenant.

À l’instar des lettres de Graham, ce n’est que vingt-cinq ans plus tard que le récit de Barker paraît – probablement à faible tirage tant il est rare d’en dénicher un exemplaire – sous le titre Narrative of a Journey to Shoa and of an Attempt to Visit Harrar.

Dans la galère qu’a été la traversée du désert et la résidence éprouvante au Choa, ses compagnons de banc lui présentent une coupe en argent pour le consoler d’avoir dû les abandonner.

Rupert Kirk

L’Assistant Surgeon Rupert Kirk ne se charge pas seulement de porter des soins aux membres de l’ambassade et à la population mais également de procéder à des mesures astronomiques et magnétiques. Paru à Bombay en 1844, son journal[16] est d’une précision bienvenue. Cependant, comme son titre l’indique, il ne porte que sur le trajet Tadjoura-Ankober. On se serait attendu à trouver la suite, publiée ou confinée dans les archives, mais il n’a pas été possible d’en trouver la trace.

De manière avisée, Jane Munro explique qu’en 1840, le dessin et l’aquarelle sont une discipline enseignée dans les académies militaires du Royaume-Uni[17]. Il ne doit donc pas nous surprendre que Kirk, comme Graham et Harris, ait aussi mis la main à la pâte.

Le catalogue édité par Keynes nous donne un avant-goût des aquarelles de l’assistant en dévoilant trois œuvres conservées par la Royal Geographical Society[18].

L’appel ci-dessus lancé aux études éthiopiennes ne peut qu’être réitéré.

Roth

Déjà en 1836 avec son compatriote le peintre allemand Johann Martin Bernatz, le Dr Johannes Rudolf Roth participait au voyage au Moyen-Orient du Dr Gotthilf Heinrich von Schubert. Est-ce au Caire, lorsqu’ils rencontrent le Suisse Samuel Gobat[19] de retour de son second voyage, qu’ils s’éprennent de l’Éthiopie ?

Non ! C’est en fait un concours de circonstance qui amène les deux compères à découvrir le Choa, car l’Inde était leur destination initiale. Le projet n’aboutissant pas, le gouvernement de Bombay propose à Bernatz et Roth d’accompagner la mission britannique de William Cornwallis Harris au Choa en tant que, respectivement, Artist et Natural Historian.

On ne s’explique pas pourquoi Harris décide d’emmener Roth avec le premier groupe et de laisser Bernatz croupir à Tadjourah.

Faut-il y voir un moyen d’éloigner le peintre Bernatz et de mettre en valeur ses propres talents ?

Dans tous les cas, Roth arrive bien au Choa avec Harris mais sans toutefois être impliqué outre mesure dans les négociations, réservées au militaires.

On connaît de Roth une conférence qu’il donne le 28 mars 1851 et publiée la même année sous le titre Schilderung der Naturverhältnisse in Süd-Abyssinie. Elle se limite à des descriptions géographiques et naturalistes, somme toute banales. Le texte est parfaitement impersonnel et intemporel. Conformément à ce qui semble avoir été établi, aucune mention n’est faite de la mission.

Un détail qui mérite d’être relevé, selon Gerd Gräber[20], Roth communique avec le naturaliste Wilhelm Georg Schimper et côtoie Eduard Zander. Est-il à l’origine de leur future collaboration ?

Sydney Horton

Keynes fait figurer le lieutenant Sydney Horton sur l’aquarelle intitulée « The presentation at court »[21].

Selon lui, elle représente la réception de l’ambassade par le negus Sahlä Səlasse, au mois d’août 1841. Les quatre personnes assisent sur des chaises – amenées d’Inde, précise-t-il – sont quatre membres de la mission qu’il n’hésite pas à identifier : Graham, Horton, Barker et évidemment Harris. Sous la plume d’Harris, l’événement se résume à quelques pages, sans que les participants ne soient nommés[22], c’est devenu une évidence.

En réalité, le lieutenant Sydney Horton et l’Assistant-Surgeon Impey ne se rendent pas au Choa. Restés en arrière avec le premier groupe, le gouvernement de Bombay donne l’ordre à Harris de les rapatrier[23].

Une des lettres de Horton, datée du 21 août 1841, « Au Camp de Tajurra, Abyssinie » confirme sa présence à Tadjoura[24].

Impey

À l’instar du lieutenant Sydney Horton, l’Assistant-Surgeon Impey est confiné à Tadjoura avec le premier groupe puis sommé de quitter la mission.

Johann Martin Bernatz

Johann Martin Bernatz est un peintre incontournable pour les études éthiopiennes car il est le premier, après Salt peut être, à y contribuer de manière si précise et fidèle. La présentation de son compatriote Johannes Rudolph Roth nous a renseigné sur son parcours.

Bernatz affirme qu’il est à Tadjourah au mois de juin[25] en compagnie du Surveyor and Draftsman Robert Scott.

Quant au premier groupe, il fait l’objet le 9 juin d’une attaque nocturne qui coûte la vie à trois malheureux volontaires, le sergent Walpole, le caporal Wilson et un cuisinier portugais qui n’auront pas pour autant la paix car six mois plus tard, au mois de décembre, le second groupe, parmi lequel se trouve Bernatz, rassemble les os des corps exhumés par les charognards pour leur offrir une deuxième sépulture[26].

Au détour d’une note, Kirk rapporte le passage de Scott et Bernatz à Kilulloo au mois de décembre 1841.

Le dernier indice temporel lâché par Bernatz est son arrivée à l’Awash, le 13 février 1842[27].

Comme il l’affirme dans l’introduction à son album, il aura passé neuf mois en « pays danakil ».

Le récit de Charles Johnston nous donne des nouvelles de Bernatz. Le médecin britannique arrive à Farré le 23 mai 1842 où Scott, envoyé par Harris, le rejoint. Tout début juin, leur passage à Ankober confirme la présence de Roth et de Bernatz dans cette ville alors que l’ambassade se trouve à Angolalla.

Rien d’autre ne transparaît concernant l’artiste et le naturaliste de la mission hormis les onze mois que Bernatz dit avoir passés au Choa, ce qui situe un départ début 1843.

Pour comprendre les peintures de Bernatz, qu’il nous soit permis de tirer de ce qui précède la synthèse suivante :

Bernatz passe 9 mois entre Tadjoura et l’Awash (du 17 mai 1841 au 13 février 1842) et onze mois au Choa (de ca mars 1842 à février 1843).

De retour en Europe en 1843[28], Bernatz se charge de l’atlas accompagnant le récit de Harris, publié une année après les volumes de texte et intitulé : Illustrations to the Highlands of Aethiopia[29] (1845).

Quatre ans après la mort d’Harris, il publie à son nom l’atlas Scenes in Ethiopia composé de lithographies en couleurs, minutieusement expliquées par des légendes et réitère l’expérience deux ans plus tard, en allemand sous le titre Bilder aus Aethiopien. Richard Pankhurst souligne l’intérêt historique et ethnographique qu’apporte le témoignage de Bernatz[30]. Sophia Thubauville et Wolbert G.C. Smidt le confirment et mettent à la disposition des Éthiopisants quelques illustrations conservées par l’Ethnographic Picture Archive of the Frobenius Institute[31].

Avant de laisser en paix Bernatz, signalons qu’un de ses tableaux représentant le negus Sahlä Səlasse à l’approche d’Ankober, au retour d’une campagne militaire contre les « Gallas » a été conservé et présenté ici.

Robert Scott

Robert Scott est le Surveyor and Draftsman de la mission. Il est très frustrant de ne rien trouver sur et de lui. L’arpenteur et dessinateur de l’expédition qui ne laisse pas de trace ? C’est tout de même surprenant.

Harris l’abandonne à Tadjoura avec le deuxième groupe. Par conséquent, Scott n’arrive au Choa qu’au mois de février 1842.

J. Hatchatoor

Hatchatoor est l’agent britannique à Tadjoura. Il est par conséquent compréhensible qu’il reste avec le deuxième groupe. Durant son séjour, il intercepte des lettres en amharique écrites par un français – probablement Antoine d’Abbadie – au negus Sahlä Səlasse. Hatchatoor a l’indélicatesse de les ouvrir, ce que sa hiérarchie condamne. Les lettres seront finalement envoyées à Harris par l’intermédiaire de Haines[32].

L’escorte d’Européens

Inutile de préciser qu’Harris ne prend pas la peine de mentionner ces petites gens. Mais elles sont là et utiles !

Elles figurent dans les archives[33], pas en raison de leurs services mais à cause des coûts. Elles sortent enfin de l’anonymat :

Sergent John Scannel

Corporal Michael Dempsey

Gunner Martin Dignum

Gunner Patrick Duffey

Gunner Thomas Haydon

Gunner John Prier

Gunner Lawrence Welsh

Private Thomas Philips

L’assistant apothicaire

Pour être complet, les archives consultées pour l’escorte des Européens mentionne le nom de lAssistant Apothecary : Elliott. Enchanté de faire sa connaissance !

Des autres acteurs

Finalement, les membres de l’ambassade ne sont pas bavards ou peut-être bâillonnés. Leurs aquarelles sont beaucoup plus parlantes, encore faut-il qu’elles sortent de l’ombre.

Tournons-nous vers les autres acteurs.

Johann Ludwig Krapf

Le missionaire luthérien Johan Ludwig Krapf arrive au Choa avec Isenberg au mois de juin 1839. Il crée quasiment tout seul la mission protestante au Choa car Isenberg retourne en Europe déjà au mois de novembre, croisant Charles-Xavier Rochet d’Héricourt. Les projets de ce dernier et les maigres résultats de son apostolat poussent certainement Krapf à s’immiscer dans les relations internationales[34] en rédigeant pour le negus Sahlä Səlasse une lettre à l’East India Company qui propose une relation amicale, commerciale et qui sollicite l’aide de la Grande Bretagne dans le domaine des arts et des sciences, autrement dit des armes et des canons.

À l’arrivée d’Harris, il va s’en mordre les doigts : son rôle de traducteur va l’éreinter ; il sera dépouillé de ses connaissances et passera la majeur partie de son temps à cornaquer ses Messieurs. Comme annoncé ci-dessus, le traité est signé le 16 novembre 1841. Au mois de mars de l’année suivante, Krapf plie bagage pour aller passer l’alliance au doigt de Rosina.

Mais c’était sans compter avec la persévérance des missionnaires. Isenberg et Krapf remettent l’ouvrage sur le métier au mois de novembre 1842, sans succès à Tadjoura et encore moins à Zayla.

Avant d’abandonner définitivement le projet du retour au Choa, Krapf et Isenberg sont témoins de l’arrivée d’Harris à Tadjoura, le 13 mars 1843. Ce qu’ils constatent n’est pas pour les réjouir. Harris et tous les membres de l’ambassade ne sont pas plus enchantés de rencontrer ces témoins gênants. Laissons à Isenberg l’honneur de dévoiler la vérité.

Carl Wilhelm Isenberg

Carl Wilhelm Isenberg est une forte tête qui épaule Gobat dès 1829. Contrairement à ce dernier, il n’est pas du genre à faire des concessions et encore moins à intégrer les us et coutumes éthiopiennes. On ne devrait quasiment pas l’inclure dans l’entourage de l’ambassade puisqu’il quitte le Choa avant l’arrivée d’Harris. Mais il y a sa place car il est le seul – en excluant Johnston qui le fait anonymement – à dévoiler la compromission d’Harris.

Alors que la lutte contre l’esclavage était un des objectifs de l’ambassade, les britanniques rentrent au pays en profitant d’une caravane convoyant des humains. Isenberg décrit la scène comme suit :

Mittwoch, den 15. Br. Krapf und ich gingen diesen Morgen mit Mr. Cruttenden bis Düllül, wo wir die ganze Partei der Gesandtschaft mit einer bedeutenden Dankali-Karawane gerade bei ihrer Ankunft zusammen trafen, die Letztere eine bedeutende Anzahl von Sklaven mit sich führend. Es geht hieraus hervor, wie wenig die Erstere ihre Zwecke erreicht haben muss, dem Sklavenhandel und der Sklaverei in Afrika entgegen zu wirken[35].

Sans tapage, Bernatz représente la scène sur la planche VIII.

N’allez pas nous dire que la caravane d’esclaves profite de la protection de l’ambassade car Harris avait le devoir de la dénoncer. C’est bien le contraire qui s’est passé ! Sans moyen financier pour payer les bêtes de somme, il a bénéficié de la protection des marchands d’esclaves et d’un tarif de transport préférentiel.

Motus et bouche cousue a dû être la consigne d’Harris. Personne ne désobéira.

Mühlheisen et Müller

Les deux missionnaires sont envoyés au Choa porter assistance à Krapf. Ils arrivent à Tadjoura en même temps que l’ambassade. Sans surprise, Harris les laisse s’enliser à la côte. Un extrait de leur journal figurant dans celui de Krapf raconte qu’une nuit, ils sont attaqués et que plusieurs hommes perdent la vie malgré les coups de feu de Mühleisen. Quel curieux tableau : un missionnaire qui tire sur son prochain !

Ni une, ni deux, les deux malheureux sont rapatriés à Aden le 5 octobre 1841.

John Airston

Qu’il nous soit permis d’ajouter John Airston à la présente liste. À l’image de bien d’autres explorateurs, le jeune homme âgé de 28 ans[36] dévoile un objectif très à la mode à cette époque : atteindre l’Afrique centrale depuis la mer Rouge.

If I succeed in traversing the Galla country, I am pretty sanguine of being able to penetrate some distance into Central Africa, and possibly may succeed in following the white Nile[37].

Il est à Aden le 25 octobre 1839 et reste confiant sur l’itinéraire qu’il prévoit d’emprunter :

I land on the opposite coast, taking a new route into Abyssinia. I have 20 to 30 days journey to the frontier through a considerable portion of the Galla country.

En vain on essaiera de le suivre car rien ne transparaît de son débarquement sur le continent africain. Les deux seuls témoins oculaires de sa présence au seuil du Choa sont Rochet d’Héricourt et Krapf.

Le 5 mars 1840, à Faré, Rochet rencontre notre Airston qu’il qualifie étrangement « d’intéressant jeune homme ». Mais les présentations ne s’éternisent pas car John souffre d’une « affection cérébrale » qu’il a contractée depuis 14 jours sur les bords de l’Aouache[38]. Rochet retarde sont départ de deux jours et pratique des saignées qui soulagent temporairement l’infortuné. Pressé par sa caravane qui n’a cure du mourant, il fait prévenir Krapf et poursuit son chemin.

Dans son journal, à la date du 7 mars 1840, Krapf confirme s’être rendu auprès de l’Écossais[39]. Du 8 au 10 mars, il reste au chevet du jeune homme qui le prie de se rendre auprès du negus Sahlä Səlasse pour lui demander l’autorisation d’entrer au Choa. Krapf s’exécute en deux jours mais lorsqu’il s’apprête à emprunter le chemin du retour, la nouvelle de la mort de John Airston et son enterrement dans le village chrétien d’Aigebber à proximité du Faré musulman, lui parvient. Le britannique trépasse donc autour du 12 mars 1840.

C’est ainsi que nous sommes tombés dans le piège que nous a tendu Airston : serions-nous assez malin pour retrouver sa tombe ? Autant vous dire que le défi n’est pas simple à relever et qu’aucune source n’apporte une réponse toute faite. À suivre donc.

En attendant, où que vous soyez, M. John Airston, reposez en paix.

Charles Johnston

Avec Charles Johnston, nous faisons connaissance d’un des détracteurs d’Harris, probablement le plus virulent.

Le 23 mai 1842, Charles Johnston arrive à Fārrē.

Tout comme John Airston, il est écossais, né la même année que lui et poursuit le même objectif : explorer l’Afrique. À Aden, il a été averti par Barker des difficultés qui l’attendent. Harris, déjà à court d’argent, a dû voir d’un mauvais œil l’arrivée d’une nouvelle bouche à nourrir. Il envoie tout de même Scott l’accueillir. Le 31 mai, lassés d’attendre la moindre manifestation du negus Sahlä Sellase, les deux Scotish prennent l’initiative de se rendre à Angolala, sans sauf-conduit royal et en faisant une halte à Ankober où sont cantonnés Roth et Bernatz.

À Angolala, le courant ne passe pas entre Harris et Johnston qui n’hésite pas à l’écrire :

Unfortunately, amidst all his kindness, Capt. Harris considered it to be his duty to take notes of my conversation, without my being aware in the slightest degree of such a step, or being conscious of the least necessity for his doing so. On my becoming aware of this circumstance, a few weeks after, by the distortion of a most innocent remark of mine, which was imputed to me in a sense that I never dreamt of employing it, I retorted in a manner that led to further proceedings; and from that time all intercourse between the members of the Embassy and myself ceased for some months[40].

Les conséquences se seront pas sans incidences pour Johnston car, cloîtré à Aləyyu Amba, entre Ankober et Fārrē, il ne peut compter que sur ses propres ressources pour répondre à ses besoins et pour surmonter ses crises de fièvres.

Comprenant que Johnston est indépendant de l’ambassade, le Souverain accepte de le recevoir. En retour, Johnston cherche à se rendre utile et à apprendre l’amharique, ce qui confère une saveur toute particulière à ses descriptions des us et coutumes de ses hôtes.

En tenant les deux tomes de Travels in Southern Abyssinia, through the Country of Adal to the Kingdom of Shoa, on est en droit de s’attendre à découvrir tous les ragots concernant l’ambassade. Ce n’est pas le cas et ce « travels in Southern Abyssinia » est quelque peu prétentieux. Mais le pire est la fin en queue de poisson de son récit. En effet, le 3 septembre 1842, à Aləyyu Amba, Johnston met abruptement un point finale, arguant que la fièvre le confine à son lit et que son journal se résume à une série d’entrées du type : « no better to-day ». Cette fièvre n’est pas anecdotique car Harris ira jusqu’à prétendre que les séquelles ont irrémédiablement atteint ses capacités de discernement.

La note de bas de page 381 révèle que Johnston est retourné d’Abyssinie en compagnie de la British Political Mission. Est-ce par honte d’avoir rejoint l’ambassade qu’il s’abstient de terminer dignement son récit ? La proximité des esclaves l’aurait-elle contraint à passer sous silence son retour ?

Anonymous

Dans The British and Foreign Anti-Slavery Reporter du 29 novembre 1843, paraît sous couvert d’anonymat l’article « The Slave-Trade in Abyssinia: A Personnal Narrative » qui débute sans ménagement:

On the 10th February in the present year. I left Farree, the frontier town of Shoa, on my return home from Abyssinia, in company with Captain Harris, the late ambassador to the Court of Shoa, a retinue of officers and servants, and a kafila of slaves, in number about 130 or 140. Part of these slaves belonged to the owners of the camels employed by the mission, and part were the property of regular slave dealers, who sought the protection of Captain Harris’s escort, from the numerous tribes of Bedouin robbers which infest the Adal country, through which our journey lay. More than two-thirds of these slaves were girls under the age off fourteen, and many of these not more than eight years old. The remainder consisted of boys from the age of ten to fourteen, and three or four young women. One of the boys, I should mention, was an unfortunate victim of the savage custom in Abyssinian warfare of emasculating all the male slain, and the boys under six years old, who alone are allowed to be made prisoners. This boy, who was named Affrano, had been thus rudely mutilated, besides receiving a severe sword cut in the leg, and now, scarcely seven years old, was expected to walk 350 miles, at the quick marching rate, of what I may call our express journey. He was destined for the market of Mocha, or Cairo, or even of Constantinople, to serve in the character of eunuch to the harem of some rich Mahometan.

Il poursuit à charge pour l’ambassade :

The most digusting circumstance connected with the transit of the slaves from Abyssinia to Tadjourah, is the lascivious conduct of the owners or their friends towards the younger girls. Not only have I myself been the unwilling auditor of the forcible violation of these young creatures, but I have heard other officers state that similar incidents have occurred in their watch.

Confirme une arrivée à la côte le 15 mars :

We arrived on the coast on the 15th of March, having travelled 350 miles in a period of thirty-six days, on an average nearly ten miles for each successive day; but on some occasions it was considerably more, to make up for delays at two places, one of four and another of two days, which occurred during our march. It is scarcely conceivable how such children could accomplish it, but they actually did; the girls tired, and the boys nearly dead, certainly; but not one death took place-a matter of great congratulation among the traders and their friends, who never before recollected a case so similarly fortunate, and this they assured us was an evidence of our party possessing the favour of God to an unusual extent.

Et finalement donne quelques détails du retour du mystérieux auteur:

Leaving the slaves at Ambabboo, a small fishing village in the bay of Tadjourah, I received a passage to Aden on board the Indian Government’s sloop of war the Clive. At Aden I remained five weeks, and then, in company with the Padre Antonio Foggart, a Propaganda missionary, we engaged a cabin in the ship Saliman Shah, belonging to Calcutta, navigated by native British subjects, and bound to Jeddah, to which place I was proceeding. The day after leaving Aden we anchored off Mocha, and lay in that port nearly a fortnight, and received on board, much to my surprise, some old acquaintances of mine, Mahomed, a Dankalli slave-merchant, and seven of the slaves who accompanied us down from Abyssinia, and who immediately recognised me as « Aliuamba arqueem nobba »-the Aliu Amba doctor, being the name I was known by in their country.

Tout laisse penser que cette article est de la main de Charles Johnston et son surnom de docteur d’Aliu Amba est sans équivoque.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, Harris, dans l’introduction de sa deuxième édition, mentionne le même article[41] mais dans s’attarder sur le contenu, se focalisant sur le terme « Arqueem » employé par Johnston.

Charles Beke

Après le premier détracteur d’Harris, veuillez réserver le meilleur accueil au deuxième. Lui n’a pas souffert de fièvre. Il est d’une autre trempe.

Entre 1837 et 1838, alors qu’il est consul britannique ad interim à Leipzig, le géographe Charles Beke invite son gouvernement à établir une relation politique et commerciale avec le Choa[42]. Ne voyant rien venir, il décide de s’y rendre à son propre compte – et quelques amis. Le 15 novembre 1840, à Tadjoura, il emprunte une piste pour le Choa qui n’a plus beaucoup de secret.

Le 5 février 1841, il entre au Choa où il séjourne jusqu’au mois d’octobre. Une de ses premières contributions est la carte de cette fameuse piste, de Tadjoura à Ankober, datée à Angolalla du 27 février 1841 et envoyée au capitaine Haines, le political agent britannique à Aden, acceptant que copie soit faite à l’attention de l’ambassade au Choa.

À Angolalla, il côtoie Krapf[43] et profite de ses connaissances. Du 26 avril au 10 mai, Beke et Krapf font une excursion d’Ankober à Gédem.

À peine arrivé au Choa, Harris informe Beke, dans un premier temps par Graham puis personnellement, que le gouvernement de Bombay lui a donné l’instruction de le rattacher à la mission et que ses rapports ne doivent plus être envoyés en Angleterre mais lui être remis. Sans surprise, Beke refuse « l’offre » mais accepte néanmoins de prêter assistance à Harris et à la mission. De nos jours, il serait entendu que l’affaire s’est terminée par un gentleman agreement.

Loin s’en faut ! Beke fournit bien à Harris quatre mémoires[44] et participe à la rédaction de documents officiels, mais le 9 octobre, une lettre envoyée par un membre de la mission au Bombay Times contenant des propos outrageants laisse penser que les rapports ne sont pas si cordiaux :

ABYSSINIA. Letters have been received from Captain Harri’s party, whose arrival in Ankòber, the capital of Shoa, we announced some time since […]. A Doctor Beke, who was travelling for the Royal Geographical Society, had been there, but had left for Gojam and the sources of the Nile. From this person, however, we fear nothing very wonderful is to be expected, as from his total ignorance of the habits, manners, and languages of the East, few people would appear more unsuited to the task he had undertaken […].

Avant de quitter le Choa, Beke demande son dû à Harris. Il se voit offrir une somme ridicule qu’il refuse. Les querelles d’épicier n’en finissent plus, à tel point que le chef de mission menace le géographe de ne plus garantir l’acheminement de son courrier. Il est temps pour Beke de s’éloigner, même sans moyens.

Le 19 octobre 1841, il se met en route pour Dima, dans le Godjam et récolte de précieuses informations. Le 20 février 1843, à court de ressources financières – Harris répond à l’appel au secours de Beke en lui a envoyant 10 dollars, l’équivalant de 2 livres sterling de l’époque –, il est contraint d’emprunter le long chemin en direction de Massaoua. Son récit se termine à Adoua avec l’accueil chaleureux du  botaniste allemand Georg Heinrich Wilhelm Schimper et de la mission catholique, tout particulièrement du préfet apostolique d’Abyssinie, le Lazariste italien Justin de Jacobis. Début mai 1843, à Massaoua, il embarque pour Djedda sur le même bateau que le vice-consul français M. de Goutin, où il tombe sur Charles Johnston.

Ce qu’ils se disent n’a pas été consigné mais Harris a dû avoir, pour sûr, les oreilles qui ont sifflé.

Au Caire, Beke arrive quelques jours après le départ de Harris, Roth et Bernatz, profitant des rumeurs que leur passage a inévitablement laissées courir. À Munich, il rejoint Roth et Bernatz avant de rentrer à Londres le 7 octobre.

De retour en Angleterre, il apprend que sa carte de la route de Tadjoura à Ankober a été déposée à la Société de Géographie de Londres, au crédit de deux membres de la mission Harris : Kirk et Barker[45]. Après l’affront subi en Éthiopie, le voilà lésé à son retour. Il proteste auprès de l’institution[46]. La suite du contentieux entre Harris et lui est minutieusement documentée dans son pamphlet. Il suffit de préciser que l’affaire est tranchée au profit de Beke le 24 octobre 1844 par le Secret Committee of the Court of Directors of the East India Company.

Rochet d’Héricourt

Charles-Xavier Rochet d’Héricourt est un commerçant, voyageur et diplomate français, fils d’un industriel, lui-même habile de ses mains. Il se fixe comme objectif de traverser l’Afrique d’est en ouest. Au Caire, en 1839, il entre en contact avec les missionnaires protestants, on ne sait comment. L’ex-lieutenant de l’armée prussienne, Carl Christian Friedrich Kielmaier est également de la partie et il est décidé que Rochet l’accompagnera pour rejoindre Krapf et Isenberg au Choa.

Rochet date son départ du Caire au 22 février[47] et donne l’impression de prendre son temps. Est-il vraiment accompagné de Kielmaier ? Difficile à dire puisqu’il ne mentionnera jamais Kielmaier dans le récit qu’il publie deux ans plus tard alors qu’il n’hésite pas à nommer toutes les personnes qu’il rencontre, comme par exemple, Schimper, Airthon (comprendre Airton), Ferret et Galinier, Fresnel, etc. Dans tous les cas, il arrive à Djedda le 13 avril, à Moka le 30 où il rencontre le capitaine français de Bordeaux, M. Buston, commandant du brick La Mathilde, venu acheter du café dans cette ville.

Rochet débarque seul à Tadjoura le 4 juin 1839 et y croupit deux mois qui ont dû lui paraître interminables. Finalement, le 3 août, il se met en route pour le Choa avec deux locaux, atteint l’Hawash le 27 et Ankober le 3 octobre[48]. Il est bien reçu par le negus Sahlä Səlasse et gardera toute son estime tout du long de son séjour grâce aux deux innovations qu’il apporte mais de surcroît qu’il démontre : le moulin à poudre et la fabrication de sucre. Les soins médicaux qu’il a dispensés à Tadjoura et qu’il continue de prodiguer au Choa contribuent à son acceptation en Éthiopie. Cependant, Rochet se garde bien de se dire médecin, sa formule est plus subtile pour ne pas dire irrespectueuse : il a des « lumières médicales dont l’ignorance abyssinienne l’a gratifié »[49].

Au Choa, Rochet retrouve Krapf et Isenberg avant que ce dernier ne prenne le chemin du retour vers l’Europe.

Dès son arrivée, Sahlä Səlasse emmène Rochet et Krapf « en tournée dans une partie de son royaume »[50]. Il décrit notamment les sources thermales de Fine-Finies, celles-là même qui, selon la tradition, inciteront l’impératrice Taytu à y fonder Addis Abeba, 46 ans plus tard[51].

Le 3 mars 1840, il renonce à poursuivre son objectif initial et emprunte le chemin du retour vers la France, les bras chargés de cadeaux du Souverain pour le roi Louis-Philippe en ressentant le « devoir d’appeler l’attention de la science et de [son] pays sur une contrée aussi importante et aussi intéressante que le royaume de Choa ».

En 1841, Rochet publie Voyage sur la côte orientale de la Mer Rouge, dans le pays d’Adel, et le Royaume de Choa.

Muni des instruments d’observation que l’Académie des sciences de Paris lui a confiés et des cadeaux que le gouvernement français le charge de porter au negus Sahlä Səlasse, Rochet quitte Marseille le 1er janvier 1842 et, par un heureux hasard, tombe sur Krapf et Bell à Moka.

Dans son récit, Rochet ne laisse paraître aucune animosité contre Krapf. Il ne doit cependant pas ignorer les intrigues fomentées par le missionnaire et son parti pris pour les Britanniques. Krapf lui révèle le succès de l’ambassade de Harris. Lui-même a passé par Massaoua au lieu de fréter à Tadjourah.

Malin, Rochet débarque à Ambabo, le village formé de cinq ou six chaumières qui se trouve à 2 lieues (ca 8 km) à l’ouest de Tadjourah et qui ne relève pas de l’autorité de son Sultan – Didier Morin nous apprend son nom : « Ad’àllom » Maḥámmad b. Ḥúmmad[52].

« Ad’àllom » Maḥámmad b. Ḥúmmad, Dardár de Tadjoura.

Illustrations of The Highlands of Aethiopia.

Il parvient à louer, charger et monter quarante-deux chameaux avant le 15 septembre : un exploit. La date est cependant tragique pour Hugues Fontaine car, à cette date mémorable, la seule bête de somme à se casser une jambe est celle qui portait le daguerréotype de Rochet.

À Fārrē, les quarante-deux chameaux sont troqués contre pas moins de neuf cents porteurs. Rochet les laisse cheminer à leur rythme et s’empresse de remédier à l’impatience de Sahlä Səlasse, le 7 novembre à Angolala. S’ensuivent la remise des nombreux cadeaux qui ravissent le souverain et son épouse et la rencontre avec Harris et son ambassade.

À propos de l’ambassade britannique, Rochet n’est pas très loquace et rapporte l’anecdote révélatrice « que l’expédition anglaise éprouvait une grande difficulté pour sortir du Choa ; elle était à court d’argent ». Saint-Martin dans l’âme, Rochet prête 1400 thalaris au capitaine.

Peu de temps après, les Français Lefebvre et Petit[53] profitent de la présence de Rochet pour se présenter à Sahlä Səlasse. Rochet reçoit également une lettre d’Antoine Abbadie apportée par un Allemand, le « chasseur naturaliste » de Rüppell. Après le départ de Lefebvre et Petit pour Gondar, probablement fort satisfait du « traité politique et commercial » que le Souverain a accordé à la France, Rochet s’en retourne.

À Tadjourah, il ne parvient pas à noliser pour Moka. Il choisit de se rendre à Zeyla, puis à Aden pour se faire rembourser par Haines, de passer par Berbera et Moka pour finalement remonter la mer Rouge. À ce rythme, on comprend mieux que les rapporteurs du second voyage de Rochet parlent d’un retour en France à la fin de 1845[54].

Ainsi se termine le tour d’horizon des personnes qui gravitent autour d’Harris. Mais, au fait, que sait-on de l’envoyé de sa Majesté ?

La vie d’Harris

Peu de chose apparaît concernant la vie d’Harris[55]. Il est baptisé le 2 avril 1807 à Wittersham dans le Kent, en Grande Bretagne. Il entre à l’école militaire d’Addiscombe à l’âge de 14 ans. Deux ans plus tard, il rejoint les East India Company’s Bombay Engineers en tant que second lieutenant, puis first lieutenant en 1824 et captain en 1834. On lui connaît un goût pour la chasse et pour le dessin de la faune.

Souffrant de fièvre, il est envoyé en convalescence en Afrique du Sud, en juin 1836. La plus grande part de sa biographie concerne ce séjour cynégétique qui sera l’objet de son premier livre, édité à Bombay, en 1838, Narrative of an Expedition into Southern Africa during the years 1836 and 1837. L’ouvrage est mainte fois réédité et ses rééditions appréciées à juste titre pour les ravissantes gravures. Jenny Allsworth le désigne comme The first printed account of a safari.

Parvenu au devant de la scène à point nommé, le gouvernement de Bombay le charge de la mission au Choa.

Au terme de la mission, Harris, Graham, Kirk et Roth retrouvent Barker à Bombay au mois d’avril 1843[56]. Mi-août, Harris décharge 25 caisses de souvenirs à Falmouth mais également des peintures de Bernatz qu’il remet au musée de l’India House[57]. Il est reçu par la Reine, promu major et anobli une année plus tard. Harris accède peut-être à la célébrité mais c’était sans compter le retour de ses détracteurs, Beke et Johnston, qui ne le laisseront pas en jouir pleinement.

Début 1844, Harris publie le récit présentement abordé et toute la polémique qui en découlera.

Le 11 février 1845, il prend en mariage Margaret Sligo, la nièce du général Sir James Outram. Aurait-il eu au moins une fille ? C’est ce que laisse penser le British Museum.

En juin, il publie Illustrations to the Highlands of Aethiopia[58].

Keynes dit qu’Harris ne souhaite pas retourner en Inde mais préfère explorer une autre partie de l’Afrique « with a good climat ». Ses supérieurs en décident autrement et le rappellent dans les rangs des Bombay Engineers. Nous sommes en mai 1846. Le 9 octobre 1848, la fièvre se fait plus forte que ses 41 ans et le retourne à la poussière de Poona.

Les archives et dépôts d’Harris

Le sujet n’a été abordé que par Keynes :

There is no surviving cache of Harris’s papers (incoming letters, letter-books, or journals), and few letters written by him to others have yet been traced. His activities are known almost entirely, therefore, from his published writings, his official dispatches (from Abyssinia), and his drawings. In his own lifetime, the tales of his exploits as an adventurer, complemented by tales of his prowess as a hunter, gained him the admiration of many. He is rather less well known to posterity, perhaps for good reason. To a modern taste, his sense of literary style does more to obscure than to enhance the substance of his narrative and descriptive prose. What little information about his service in the Bombay Engineers can be gleaned from official records suggests that he was not always dedicated to his proper duties[59].

Plus loin, dans l’annexe qui répertorie toutes les aquarelles et dessins d’Harris en possession de Quentin George Keynes, il donne quelques précisions.

À la mort d’Harris, en Inde, certaines œuvres, parmi lesquelles des dessins, semblent passer de son jeune frère, capitaine Robert Harris, à son neveu, l’amiral Sir Robert Harris (1843-1926), puis aux filles de ce dernier, Violet et Priscillia.

La plus grande partie des dessins revient à son demi-frère, Bertram Harris, qui change son patronyme en Harrison.

Un jeu de dessins échoit à la fille Lucie Ruth Harrison qui meurt en Angleterre vers 1950. Ces dessins sont vendus aux enchères à Dorset et acquises par Maggs Bros. à Londres.

Un autre jeu d’environ 300 (sic !) dessins d’Harris et de Bernatz sont détenus par une autre fille de Bertram, Albertine Harrison, puis remis à son neveu, George Hunter Harrison. En 1970, ils sont déposés au Natural History Museum, à Londres sous la cote NHM WCH/000  et NHM JMB/000[60].

Quentin George Keynes achète chez Maggs une série de dessins. En 1859, il semble qu’il ait acheté d’autres œuvres à Violet et Priscillia.

De son vivant, Harris dépose 19 peintures de Bernatz au musée de l’India House, aujourd’hui conservées par la British Library (BL), dans les archives de l’India Office Records (IOR) sous la cote WD2209/1 à 19.

Si l’on en croit le British Museum, Harris aurait eu une fille, ce qu’aucune source ne confirme. En 1866, elle aurait remis une collection d’objets ramenés par Harris au compositeur Charles Henry Purday pour qu’elle soit vendue en faveur des prisonniers en Abyssinie, on présume ceux retenus par Tewodros II. Cette collection porte la cote Af1866,0219.1 à 41.

En guise de conclusion

La balle est désormais dans le camp de la recherche. Il y a un trésor à sortir des archives. D’une part les rapports d’Harris permettront de comprendre les tenants et aboutissants de la mission. D’autre part, les dessins, les aquarelles et les peintures de tous les membres seront un apport merveilleux à notre représentation du Choa dans les années 1840.

Beau défi non ?

Biblethiophile, 06.12.2025


[1] Elle a été numérisée par google books et peut être consultée ici. Le copyright de l’éditeur est du mois de janvier 1844.

[2] Faut-il y voir l’expression de la rancœur de Johnston et Beke et celle, dans une moindre mesure de Krapf ?

[3] HARRIS (W[illiam] Cornwallis), The Highlands of Aethiopia, 2e edition, p. xxi.

[4] KEYNES (Simon), « Sir William Cornwallis Harris », in KEYNES (Simon, editor), Ethiopian Encounters. Sir William Cornwallis Harris and the British mission to the Kingdom of Shewa (1841-3), p. 29.

[5] DEGE (Sophia), « Zämänä mäsafənt »,  EAe, t.5, p. 122.

[6] NOSNITSIN (Denis), « Wəbe Haylä Maryam », EAe, t.4, p. 1169.

[7] RUBENSON (Sven), The Survival of Ethiopian Independence, p. 122.

[8] Voir notre note sur Charles Tilstone Beke.

[9] BEKE (Charles T.), Abyssinia. A statement of facts, James Madden, 1845 et réédité l’année suivante.

[10] KRAPF (Johann Ludwig), Reisen in Ost-Afrika ausgeführt in den Jahren 1837-55. Zur Beförderung der ostafrikanischen Erd- und Missionskunde, p. 41.

[11] RUBENSON (Sven), Correspondence and treaties 1800-1854, Acta Aethiopica, vol 1, p. 44.

[12] 9 juin d’après Kirk. Un cuisinier portugais mourra un peu plus tard de ses blessures.

[13] GRAHAM (Douglas C[uninghame].), « Report on the Agricultural an Land produce of Shoa », p. 292.

[14] p. 24.

[15] KEYNES (Simon, éd.), op. cit., p. 22.

[16] KIRK (R[upert]), “Journey from Tajoora to Ankober”, Transactions of the Bombay Geographical Society, from September 1841 to may 1844, vol 1, Bombay, 1844, pp. 317-367.

[17] MUNRO (Jane), « Harris: Visual Chronicler of Ethiopia and its Inhabitants », in KEYNES (Simon, editor), op. cit., p. 37.

[18] KEYNES (Simon, editor), op. cit., p. 23, 25 et 38.

[19] ROLLIER (Auguste), Samuel Gobat. Missionnaire en Abyssinie et Evêque à Jérusalem. Sa vie et son oeuvre, p. 231.

[20] Cf. GRÄBER (Gerd), « Zander, Eduard », EAe, t. 5, p. 136a.

[21] KEYNES (Simon, editor), op. cit., p. 54, fig. 7 correspondant au numéro 71 de l’annexe. L’aquarelle est répétée en double-page aux p. 16 & 17.

[22] HARRIS (W[illiam] Cornwallis), The Highlands of Aethiopia, 2e edition, p. 399.

[23] Mission to Shoa, British Library: India Office Records and Private Papers, IOR/L/PS/5/395, ff 50-105, Qatar Digital Library, consulté le 23.11.2025; J. P. Willoughby, Secretary to Government, à Captain W. C. Harris, in charge of the Mission to Shoa, 5th July 1841, la transcription est la nôtre.

[24] Lot# 716 – 169 – 172 Corinphila Auctions, consultée le 22.11.2025.

[25] BERNATZ (Johann Martin), Bilder aus Aethiopien, Bild VI.

[26] Ibid., Bild XIII.

[27] Ibid., Bild XX.

[28] HABERLAND (Eike), Three Hundred Years of Ethiopian-German Academic Collaboration, p. 13.

[29] Deux exemplaires sont accessibles en ligne : à la New York Public Library et dans la SP Lohia Hand Coloured Rare Book Collection.

[30] PANKHURST (Richard), « Bernatz, Johann Martin », EAe, t. 5, p. 275.

[31] THUBAUVILLE & SMIDT, Scenes […], op. cit.

[32] Mission to Shoa, British Library: India Office Records and Private Papers, IOR/L/PS/5/395, ff 50-105, in Qatar Digital Library, consulté le 23.11.2025.

[33] Mission to Shoa [Shewa], British Library: India Office Records and Private Papers, IOR/L/PS/5/414, ff 345-405, in Qatar Digital Library, consulté le 28.11.2025.

[34] Et pas la géopolitique qui est une méthode d’analyse, n’est-ce pas Serge 😉 ?

[35] ISENBERG, Abessinien und die evangelische Mission. Erlebnisse in Aegypten, auf und an dem rothen Meere, dem Meerbusen von Aden, und besonders in Abessinien, p. 162.

[36] ROCHET D’HERICOURT (Charles-Francois-Xavier), Voyage sur la côte orientale de la Mer Rouge, dans le pays d’Adel, et le Royaume de Choa, p. 320.

[37] Papers of John Viscount Ponsonby, Durham University Library, Archives and Special Collections, Airston, John, 1839 – GRE/E10/1-6, consultée le 21.09.2025. Merci à Serge Dewel de m’avoir sorti de l’impasse où je me trouvais avec une transcription.

[38] ROCHET, Voyage […], op. cit., p. 319 ; il l’appelle Airthon.

[39] ISENBERG (Carl Wilhelm) & KRAPF (Johann Ludwig), Journals of the Rev. Messrs. Isenberg and Krapf, missionaries of the Church Missionary Society, detailing their proceedings in the Kingdom of Shoa and journeys in other parts of Abyssinia in the years 1839,1840,1841, and 1842 to which is prefixed a geographical memoir of Abyssinia and South-Eastern Africa, by James M’Queen, Esq. grounded on the Missionaries’ journals, and the expedition of the Pacha of Egypt up the Nile, p. 228.

[40] JOHNSTON (Charles), Travels in Southern Abyssinia, through the Country of Adal to the Kingdom of Shoa, p. 64.

[41] HARRIS (W[illiam] Cornwallis), The Highlands of Aethiopia, 2e edition, p. xli.

[42] BEKE (Charles T.), Abyssinia. A statement of facts, James Madden, 1845 et réédité l’année suivante.

[43] UHLIG (Siegbert), BAUSI (Alessandro) et al., Encyclopaedia Aethiopica, tome 3, p. 436, sous l’expertise de Gerd Gräber et Wolbert Smidt.

[44] Qui sont: « On the Slave Trade and Slavery in Shoa »; « One the Europeans who have visited the Kingdom of Shoa during the present Century »; « On the principal Political Changes in Abessinia  […] »;  « Respecting the two Messrs. d’Abbadie, in connection with Abessinia ».

[45] BEKE (Dr Charles Tilstone), « Communications respecting the geography of southern Abyssinia », in Journal of the Royal Geographical Society, 1841, p. 84, note en bas de page.

[46] BEKE (Chas. F. ) [sic], « Map of the route from Tajurrah to Ankóber: Letter from Dr. Beke. To Colonnel Jackson »,  in Journal of the Royal Geographical Society, 1843, p. 182.

[47] ROCHET D’HERICOURT (Charles-Francois-Xavier), Voyage sur la côte orientale de la Mer Rouge, dans le pays d’Adel, et le Royaume de Choa, p. 16

[48] Ibid., p. 133.

[49] Ibid., p. 223.

[50] Ibid., p. 150.

[51] DEWEL (Serge), Addis Abeba (Ethiopie). Construction d’une nouvelle capitale pour une ancienne nation souveraine, tome 1 (1886-1936), p. 39.

[52] MORIN (Didier), Dictionnaire historique afar (1288-1982), p. 256.

[53] ROCHET D’HERICOURT, second voyage […], op. cit., p. 163. Il s’agit du lieutenant de vaisseau et explorateur Charles Théophile Lefebvre et du naturaliste A. Petit. Étrangement, Rochet reproduit une signature de lettre de Lefebvre avec les initiales « C.F. ».

[54] Ibid., p. XIV.

[55] Wikipedia « William Cornwallis Harris »; S2A3 Biographical Database of Southern African Science, consulté le 02.12.2025

[56] KEYNES (Simon, éd.), op. cit., p. 27.

[57] Ibid., p. 65.

[58] KEYNES (Simon, editor), op. cit., p. 28.

[59] Ibid.

[60] Respectivement: Natural History Museum William Cornwallis Harris / numéro du dessin; Natural History Museum Johann Martin Bernatz / numéro du dessin.