The Cradle of the Blue Nile. A Visit to the Court of King John of Ethiopia.
Édition
Éditeur : John Murray
Lieu : London
Année : 1877
Langue : anglais
Édition : première édition
Description
Signature : Ex-libris du Baron Charles Alexandre de Cosson ayant pris part au voyage en Abyssinie.
État du document : bon
Références
Réf. Biblethiophile : 1910
Réf. Pankhurst Partie : 1
Réf. Pankhurst Page : 128
Réf. UGS : 0187300
Première entrée : 1873
Sortie définitive : 1873
COLLATION :
2 volums, VI- 305 + 317 p., Illustrations and 2 maps, same map repeated in the second vol. Rebound in blue cloth, with original blue cloth pasted to spine and upper board of each volume. Binding is uneven but tight. Occasional foxing, splotches and smudges throughout.
En savoir plus
Officiellement, le britannique Emilius Albert de Cosson et son frère Charles Alexandre choisissent l’Éthiopie pour un voyage d’agrément, cynégétique notamment[1]. Les papiers du vice-consul de France à Massaoua, Ernest de Sarzec[2] sont plus clairvoyants : le baron Charles Alexandre de Cosson et son frère Emilius Albert de Cosson, « officier aux gardes de la Reine »[3] sont chargés par le gouvernement anglais d’une mission secrète auprès du negusä nägäst Yohannès IV, accompagnés de l’envoyé de ce dernier et d’un capitaine, porteurs des lettres de la Reine d’Angleterre et de Lord Grandville à l’empereur[4].
Le premier est John Charles Kirkham que le vice-consul regarde quelque peu de haut en le qualifiant d’ « aventurier anglais », de « général improvisé » et de « sujet anglais de la plus basse classe[5] ». Le jugement occulte le fait que Kirkham a participé à l’expédition britannique en Abyssinie de 1868 et, qu’à son terme, il a été engagé comme conseiller militaire par Kassa Mercha, le future Yohannès IV. Par souci de neutralité, Napier avait refusé de laisser des conseillers militaires à son allié, ce qui avait amené Kirkham à proposer ses services à titre privé.
Quant au second porteur de lettres, il s’agit d’un capitaine dénommé Rollestand[6], inconnu au bataillon des études éthiopiennes et érythréennes.
Le 3 février 1873, ils embarquent à Suez sur le navire à vapeur Kosseir qui douze jours plus tard jette l’ancre à Massaua. Leur itinéraire dans l’arrière-pays passe par Adoua, Gondar, la rive est du lac Tana avec comme point d’orgue la réception par Yohannès IV. Cependant, cette dernière ne doit pas éclipser les rencontres notoires de Louis de Gonzague, Schimper, Bender, Giacomo Naretti et celles plus énigmatiques d’un interprète suisse dénommé Louis ; d’un certain Mc Kelvie ; de l’Éthiopien emmené en France par Lefebvre, Maderakal, et d’un aventurier allemand qui n’est pas sans intriguer[7]. Qu’il nous soit permit de lui ouvrir une parenthèse.
Emilius rencontre cet aventurier allemand à Wakhni, sur le chemin vers Gallabat. Le voyageur est habillé comme un artisan et affirme avoir débarqué sur les rives de la mer Rouge avant de traverser le Soudan pour aboutir à Wakhni avec l’intention de proposer ses services à l’empereur. Il est seul, désargenté et ne parle aucune langue hormis l’allemand. De Cosson lui donne une mule et demande à ses serviteurs de le conduire à l’empereur. De retour en Angleterre, Emilius apprend que son frère l’a bien reçu et présenté au negusä nägäst mais qu’ensuite il a été dévalisé sur le chemin d’Adoua avant de réapparaitre dans l’expédition cynégétique du comte Zichy au Bogos. Un parcours rocambolesque ! Emilius se croît obligé d’ajouter l’annexe H à son récit qui nous apprend que l’Allemand s’appelle Hugo Alfary: un nom typiquement allemand, n’est-ce pas ? Pas tant que cela car Bairu Tefla n’en connaît aucun. Laissons de côté sa nationalité et concentrons-nous sur la lettre qu’il a envoyée au baron en 1874, de Keren, au Bogos. Elle décrit le camp égyptien dans cette ville conquise tout récemment sur le territoire abyssin et l’insécurité qui en découle pour les caravanes entre Kassala et Massaoua. Le vice-consul de Sarzec recourt également à cette lettre tout en affirmant qu’Hugo Alfary est italien[8]. Il confirme sa présence auprès du comte Zichy[9], au camp de Kéren, durant trois mois de l’année 1873. Le mystérieux aventurier semble très bien informé car il annonce : « qu’à l’heure qu’il est, (janvier 1874) l’occupation de Berbéra est un fait accompli » et plus loin : « cette occupation sera surtout désavantageuse pour l’Angleterre » pour terminer par : « la présence des Égyptiens à Berbéra et l’action des émissaires envoyés par eux sur la côte d’Arabie, ont déjà eu pour résultat d’exciter les tribus musulmanes du littoral et de changer la nature de leurs relations avec le Anglais d’Aden ». Un aventurier diablement bien renseigné ce Hugo Alfary ! Faute d’information plus précise, il faudra refermer la parenthèse.
Les obligations militaires d’Emilius l’obligent à écourter son séjour. Le 16 mai, il se sépare de son frère et rejoint Souakin le 27 juin par Gallabat, Gedaref, Khartoum et Berber. Le baron Charles Alexandre de Cosson, son frère, reste dans l’entourage du negusä nägäst.
Quatre ans après son retour en Angleterre, Emilius Albert publie The Cradle of the Blue Nile. A Visit to the Court of King John of Ethiopia. Le récit de voyage a échappé à Henze[10] mais pas aux Pankhurst[11], qui, toutefois, ne mentionnent pas la présence du frère. À leur décharge, il faut préciser que l’auteur ne dévoile pas le prénom de son frère, l’appelant uniquement « C. », probablement une prérogative à leur mission secrète. En 1876, Emilius est promu capitaine dans le King’s Royal Rifle Corps puis, en 1885, il prend part à l’intervention de l’armée britannique à Souakin pour laquelle il obtient le grade de major. De cette expérience, il écrit le livre Days and nights of service with Sir Gerald Graham’s field force at Suakin.
L’exemplaire de la collection biblethiophile n’est autre que celui de Charles Alexandre de Cosson, attesté par son ex-libris en latin « Caroli Alexandri de Cosson ». Le baron ne rend pas compte de son séjour. À son retour en Angleterre, il se prend de passion pour les armes et les armures[12], devenant un spécialiste reconnu. En 1901, il s’installe avec sa famille à Florence et y reste 25 ans. Est-ce pour cette raison que l’exemplaire de la collection biblethiophile provient d’un libraire italien ? À propos de cette acquisition, il reste une énigme à résoudre : l’exemplaire est truffé, enrichi d’une carte cabinet, comme peinte et éditée chez G. e L. Fratelli Vianelli qui représente le portrait d’un couple. Au dos, la légende imprimée dit :
« Fotografi delle LL. MM. Il Re e la Regina e delle LL. AA. RR. il Principe e la Principessa di Galles e di Germania.
Decorati e premiati più volte »
Elle est complétée d’une mention manuscrite qui ne se laisse pas aisément déchiffrer, hormis le patronyme « de Cosson ». Le ou les deux inscriptions qui le précédent pourraient être des prénoms mais lesquels ? On aurait tant aimé y trouver un Charles ou un Alexandre!
Biblethiophile, 12.08.2024
[1] DE COSSON (E.A. F.R.G.S.), The Cradle of the Blue Nile. A Visit to the Court of King John of Ethiopia, John Murray, London, 1877, 2 volumes, VI- 305 + 317 p.
[2] COURSAC (J[acques] de), Une page de l’histoire d’Ethiopie: le règne de Yohannès depuis son avènement jusqu’à ses victoires de 1875 sur l’armée égyptienne, Imprimerie Jeanne d’Arc, copyright A. Domergue, Romans, 1926, p. 244.
[3] Ibidem, p. 118.
[4] Ibidem, p. 114 avec la traduction de leur contenu.
[5] Ibidem, p. 108 & 109.
[6] Ibidem, p. 118.
[7] DE COSSON (E.A. F.R.G.S.), The Cradle of the Blue Nile. A Visit to the Court of King John of Ethiopia, vol. 2, p. 154
[8] Ibidem, p. 232.
[9] Cf. la note consacrée à son expédition au pays danakil : Die Danakil-Küste.
[10] Henze, Enzyklopädie der Entdecker und Erforscher der Erde, 1978.
[11] PANKHURST (Rita & Richard), A select annotated bibliography of travel books on Ethiopia, in Africana Journal, 1978, p. 128.
[12] https://royalarmouries.org/collections/history-of-the-collection/early-scholars/baron-de-cosson, consultée le 11.08.2024.