Pêle-mêle

Obock-Tadjoura. Années 1880.

FONTAINE (Hugues)

Édition

Éditeur : Amarna

Lieu : Nanterre

Année : 2023

Langue : français

Description

État du document : bon

Références

Réf. Biblethiophile : 004401

Réf. UGS : 91060000

COLLATION :

Broché, format à l’italienne 300 x 210 mm, 192 pages, 126 photographie dont 6 en double page et 16 de Pierre Javelot, 38 gravures, 20 cartes, 8 documents,

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La présentation du livre par son auteur

Obock-Tadjoura. Années 1880 : une enquête en hommage à Édouard Bidault de Glatigné.

Dans une lettre du 25 juin 1888, Arthur Rimbaud écrit :

« Bidault pérégrine et photographie dans les monts du Harar ». Il écrira un peu plus tard à Jules Borelli, le 25 février 1889, en réponse à une lettre que ce dernier lui a adressée du Caire, retour de son voyage de plus de trois années en Éthiopie méridionale : « Je dis bonjour à Bidault de votre part. Il vous salue avec empressement. Il n’a pas encore pu placer sa collection de photographies du pays qui est à présent complète. On ne l’a pas rappelé au Choa ni ailleurs et il vit toujours dans la contemplation ».

Bidault, c’est Édouard Bidault de Glatigné, remarquable photographe qui vécut à Aden et, comme Rimbaud, préféra l’autre rive du golfe : les rivages d’Obock et Tadjoura, Harar, les hautes terres de l’Abyssinie, le Choa, pays du roi Ménélik.

Les éditions Amarna publient un ouvrage qui lui est consacré autour des photographies qu’il a prises à Obock et Tadjoura dans les années 1880 et qui montrent les paysages, les hommes et les femmes parmi lesquels Rimbaud vécut pendant les dix mois (de décembre 1885 à octobre 1886) où il prépara sa caravane pour se rendre auprès du roi Ménélik.

Vu par Saleh Ibrahim Rayaleh

https://www.lanation.dj/livre-obock-tadjourah-annees-1880-un-autre-regard-du-passe-de-djibouti/,

Vu par biblethiophile

En décembre 2019, Hugues Fontaine se rend à Obock et Tadjoura pour la préparation de l’exposition Rimbaud – Soleillet : une saison en Afrique qui ouvrira ses portes – malheureusement brièvement en raison de la crise sanitaire – une année plus tard au Carré d’Art de Nîmes, un lieu culturel partagé entre le musée contemporain  et la bibliothèque municipale. Dans le cadre de ce projet, cette bibliothèque fait l’acquisition chez l’antiquaire autrichien renommé, spécialiste des récits de voyage, Dr Paul Kainbacher, un ensemble de photographies de Tadjourah et Obock (Djibouti)[1], composé de 37 collotypes ou tirages albuminés contrecollés sur carton ; 23 cm x 27,5 cm ; 1 double page panoramique 20 cm x 57 cm. Une année plus tard, le lot est référencé à la Bnf[2] et mis en ligne sur Gallica[3]. Pour confirmer la source, l’antiquaire est contacté en 2021. Il affirme que Maurice Maindron est l’auteur des 37 clichés mais sans toutefois pouvoir le prouver. La notice bibliographique de la Bnf présente Maurice Maindron comme photographe, reproduisant la description du vendeur. Au musée du Quai Branly se trouve également une série de clichés[4] référencés sous ce même nom, provenant de la collection Bonnet. La notice est plus prudente en annonçant un photographe « anonyme ».

Maurice Maindron (1857-1911) est un homme de lettre et entomologiste français. Fin 1892, le ministre de l’Instruction publique lui confie une mission scientifique à Obock où il débarque le 15 février 1893. Il loue le premier étage d’une maison et installe son laboratoire. On le voit « gratter des ossements, écorcher des requins, les bras dans le sang jusqu’aux coudes » et, évidemment, courir après tous les insectes mais nulle part prendre des photographies. Il quitte Obock le 14 juin 1893. A son retour en France, Maindron publie le récit de sa mission dans deux revues. Il est plus loquace dans la Revue hebdomadaire[5] que dans la Revue encyclopédique[6]. Sa lettre[7] du 20 décembre au rédacteur en chef de la Revue hebdomadaire, Félix Jeantet, accompagnée du manuscrit de son voyage, précise que « c’est un récit de bonne foy écrit sans fard et simplement présenté ». La deuxième revue contient des photographies qui ne sont pas créditées.

Il n’en fallait pas plus pour éveiller la curiosité du photographe Hugues Fontaine qui n’est d’ailleurs pas le seul car Philippe Oberlé[8] a consulté le dossier de Maindron au ministère de l’Instruction publique et affirme que dans « aucun document de ce dossier il n’est fait mention de photographies, ni même du mot photographie. » Dans son article Les photographies d’Obock et Tadjoura dites « Série Maindron »[9], il conclut comme peu probable que Maindron soit l’auteur des photographies de la série éponyme.

Débute alors une investigation tous azimuts en « interrogeant » une série de suspects: Jules Borelli, Robecchi Bricchetti, Paul Soleillet, Arthur Rimbaud, Ottorino Rosa, Philipp Paulitschke, Félix Jousseaume, Armand Krempf, Jean-Gaston Vanderheym, Sylvain Vignéras, Alphonse Aubry etc. Le  photographe Edouard-Joseph Bidault de Glatigné reste finalement seul en liste. Ne manquent que les preuves !

L’enquête est rondement menée par Hugues Fontaine qui déniche des gravures d’après des photographies de Bidault et par recoupement arrive à la conclusion que les 58 clichés de l’ancienne « Série Maindron » sont bien le travail du photographe Bidault de Glatigné. La synthèse de cette passionnante enquête prend la forme d’un livre, immanquablement illustré des portraits, des groupes, des paysages de l’heureux élu mais également d’une remarquable série de cartes géographiques de la région et des prises de vue de 2019 de Pierre Javelot. Hormis le fait qu’Obock-Tadjoura Années 1880 devient un outil de référence, un hommage à un photographe français tombé dans un anonymat immérité, il offre aux habitants du Golf de Tadjoura un album familial sans fin commenté et dans lequel certains ne manqueront pas de reconnaître un de leur aïeul.

Description physique de l’ouvrage

Broché, format à l’italienne 300 x 210 mm, 192 pages, 126 photographie dont 6 en double page et 16 de Pierre Javelot, 38 gravures, 20 cartes, 8 documents, poids 0,760 kg, imprimé en quadrichromie sur Munken print White 115 g (intérieur) et Arena White Rough (couverture), papiers issus de forêts gérées durablement. Photogravure : Daniel Regard, Les Artisans du regard, Paris. Texte : Hugues Fontaine, préface : Chehem Watta. Photographies contemporaines Pierre Javelot. Publié avec le soutien de l’Institut français de Djibouti et l’aimable participation de Lignocam et Marill.

Aperçu

Feuilleter le livre avec l’auteur sur https://vimeo.com/869978974.

Disponibilité

Bon de commande : https://rimbaudphotographe.eu/bon-de-commande-obock-tadjoura-annees-1880/

Biblethiophile, 18.08.2024


[1] https://cat-bib.nimes.fr/cgi-bin/koha/opac-detail.pl?biblionumber=545158, consultée le 18.08.2024.

[2] https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb45774658r, consultation août 2021.

[3] https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b101044213, consultation août 2021.

[4] https://www.quaibranly.fr/fr/explorer-les-collections/, recherchez avec le mot clé « Maindron ».

[5] MAINDRON (Maurice), Un coin de la Côte d’Ethiopie. Obock, le Lac Assal, Djibouti, Librairie Plon, Paris, 1894, in Revue hebdomadaire, 3ème année, tome 25: pp. 91-112, 258-278, 394-409, 562-581, 714-738; tome 26: pp. 97-108, 239-253.

[6] MAINDRON (Maurice), Une mission scientifique dans la baie de Tadjourah, Librairie Larousse, Paris, 1894, in Revue encyclopédique, année 1894, pp. 439-444, 486-488.

[7] https://www.biblethiophile.com/document/lettre-manuscrite-a-felix-jeantet/

[8] Philippe Oberlé est entre autres l’auteur de : Afars et Somalis. Le dossier de Djibouti et Arthur Rimbaud et Henry de Monfreid en Ethiopie.

[9] Communiqué par Philippe Oberlé, non publié, 3 juillet 2019, mis à jour en février 2021.