Pêle-mêle

L’Homme et l’Animal dans l’Est de l’Afrique.

ROUAUD (Alain, textes réunis par)

Édition

Éditeur : Les Éthiopisants Associés

Lieu : Bièvres

Année : 2006

Langue : français

Description

Signature : ex-dono d'Alain Rouaud à biblethiophile.

État du document : bon

Références

Réf. Biblethiophile : 004518

Réf. UGS : 91180000

COLLATION :

250p.

En savoir plus

L’Homme et l’Animal dans l’Est de l’Afrique sont des textes réunis par Alain Rouaud et édités chez Les Éthiopisants Associés. Le site de l’éditeur précises que ce sont les actes de la journée d’étude de l’aresae[1] du 18 février 2002.

Résumés des contributions

ANASTACIA W. MWAURA. Ethno-ornithologie des Pokomo et des Wardhei de la Basse Tana (Kenya).

Le propos de cette étude est d’identifier l’avifaune forestière et d’établir sa valeur pour les populations locales pokomo et wardhei qui pourront jouer un rôle important dans la protection de la vie sauvage et de l’environnement. L’activité humaine à l’intérieur et à l’extérieur de la « Tana River National Primate Reserve » constitue en effet la menace principale qui pèse sur la biodiversité de la région. Les Pokomo pratiquent dans la forêt une agriculture de subsistance et les Wardhei y font paître leurs troupeaux. Dans les deux groupes, les oiseaux sont utilisés pour la nutrition, la médication, la parure, la propreté de l’environnement, l’élimination des nuisibles, et l’amour, par la confection de charmes protecteurs. (En anglais).

JEAN-LUC VILLE . « L’éléphant est notre ancêtre ». Histoire et construction identitaire chez les Wataa du Kenya.

Cet article présente le résultat d’une enquête menée parmi les chasseurs Waata de la région du Tsavo, au Kenya. Il décrit certains aspects d’un mode de subsistance fort original, défini par une hyper-spécialisation cynégétique, et s’interroge sur l’émergence de l’identité waata. On mettra à jour une focalisation à la fois économique et idéologique sur l’éléphant pour comprendre comment les Waata du Tsavo se sont forgés une identité de chasseurs à partir d’une origine pastorale oromo. On espère ainsi montrer que l’étude des groupes de chasseurs-cueilleurs ne doit pas se borner à l’analyse des modes de subsistance et des rapports sociaux internes ou externes, mais qu’elle gagne à prendre en compte les aspects idéels des activités de subsistance ou du lien social.

JÉRÔME TUBIANA. Représentation de l’animal sauvage chez les éleveurs teda-daza et bèRi du nord-est du Tchad,.

Les populations du Sahara tchadien, qui appartiennent à deux groupes ethniques distincts (Teda-Daza et BèRi), sont essentiellement des éleveurs nomades de dromadaires et de chèvres et l’animal sauvage n’a que peu d’importance dans leur vie matérielle. Mais, paradoxalement, on constate une importance inattendue de l’animal sauvage dans leur culture. Ces animaux sont les personnages de leur littérature orale, les protecteurs de leurs clans, et des êtres surnaturels qui jouent un rôle central dans les religions préislamiques. Hélas, cette extraordinaire culture de la faune est en train de disparaître face à deux autres cultures venues d’ailleurs : l’islam et la « modernité » à l’occidentale, responsables de la disparition aussi bien de pratiques traditionnelles que de la faune elle-même.

MARIE-JOSÉ TUBIANA. L’alliance d’un homme et d’un animal. Les Imogu ou « Gens de l’autruche » et autres clans bèRi (Tchad – Soudan).

Entre le clan des Imogu ou « Gens de l’autruche » et l’animal bienfaiteur, l’autruche, existe un lien de parenté. La manifestation de cette parenté est mise en évidence non seulement dans le comportement du groupe vis-à-vis de l’animal protégé donc « interdit », mais aussi lors de rituels qui prennent place au moment de deux alliances fondatrices : l’alliance matrimoniale et l’alliance sacrificielle.

DIDIER MORIN. Le chameau afar entre éthique et diététique

Les Afars sont apparemment la seule population pastorale du nord-est de l’Afrique à pratiquer une cure de viande exclusivement fondée sur la consommation intégrale d’un chameau (xaa-siga). Ce rituel obéit à des règles précises, en termes de temps, de découpe et de cuisson de la viande, qui amènent à s’interroger sur sa véritable signification. Ce qui ressemble à une cure diététique a aussi une dimension éthique révèlée par le conte en afar de Qaaniso et Buuba où se trouvent allusivement réaffirmées les condamnations de l’homosexualité et de la débauche. En annexe : un texte en saho sur la fumigation.

ALAIN ROUAUD. Nom sans chat, nom du chat, noms de chats (Éthiopie)

Le nom d’« Abyssinian Cat » attribué à un type de chats ne correspond à aucune race éthiopienne mais à une création félinotechnique anglaise des années 1870, peu de temps après une expédition britannique contre l’Éthiopie (Abyssinie) qui a servi à lui donner un nom. Sur les hauts plateaux d’Éthiopie et sur ceux du Yémen, le nom donné au chat est le même : « demmät » en amharique et « dimma-t » en arabe. Quels enseignements tirer de cette similitude pour l’histoire de l’animal et de sa diffusion ? Les Éthiopiens donnent à leurs chats des noms propres créés de la même manière que ceux attribués aux humains. Une centaine d’entre eux sont traduits de l’amharique et examinés rapidement. En annexe : vingt proverbes amhara qui mettent en scène le tueur indispensable à l’homme qu’est le chat.

CLAIRE HARPET. Du consommable à l’interdit, du sauvage au domestique : le lémurien de Madagascar, un animal aux multiples statuts

Qu’il s’agisse de leur aspect physique, de leur morphologie, de leurs comportements, de leurs attitudes ou de leurs moeurs, les lémuriens engendrent, au sein des différents groupes ethniques de Madagascar, des représentations, des croyances et des attributions statutaires particulières. Certains, directement apparentés à l’espèce humaine, sont interdits à la chasse et à la consommation. D’autres, réputés pour leur habileté et leur intelligence, sont respectés et vénérés comme des héros protecteurs . D’autres encore, introduits et apprivoisés au sein d’un village à la suite d’évènements particuliers, sont reconnus sacrés et sont, dès lors, protégés. Ou tout au contraire, assimilés de par leur aspect insolite et parfois effrayant aux malheurs et à la sorcellerie, ils sont chassés et consommés.

KETAKA RAKOTOMALALA. Un mal nécessaire : le chien d’après les traditions orales malgaches

Dans la société malgache, très hiérarchisée, il y a toujours un supérieur et un inférieur. Le monde animal n’échappe pas à cette règle : le zébu, l’animal emblèmatique de l’île, est le supérieur et, l’inférieur, le chien qui rejoint ainsi l’inférieur de l’échelle humaine, l’andevo (esclave). Le chien est donc tenu à distance, mais il semble qu’il ne soit totalement rejetté qu’à partir du moment où il échappe à l’espace domestique, lorsqu’il est ou redevient sauvage, Et son utilité est reconnue, dans la vie quotidienne, par les chasseurs notamment.

Biblethiophile, 04.08.2024


[1] L’ Association française pour le développement de la recherche scientifique en Afrique de l’Est (ARESÆ), fondée en 1973 à l’Institut des Langues et civilisations orientales (INALCO) à Paris et animée par des chercheurs spécialisés sur la Corne de l’Afrique et sa périphérie (Djibouti, Érythrée, Ethiopie, Somalie, Somaliland, Soudan, Soudan du Sud et Yémen), https://aresae.hypotheses.org/aresae/a-propos, consultée le 04.08.2024.