Lettre autographe signée à Séville en 1844.




Édition
Langue : français
Description
État du document : bon
Références
Réf. Biblethiophile : 004635
Réf. UGS : 3101000
Première entrée : 1846
Sortie définitive : 1848
COLLATION :
Lettre autographe signée à Séville en 1844.
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La lettre de Charles d’Abbadie est datée à Séville du 6 [décembre] 1844. Il se plaint de tracas financiers. À Grenade, il rencontre un « un artiste qui fait du daguerréotype » et décide de rester un mois pour emporter des vues de l’Alhambra puis pour apprendre à manier l’instrument. Il compte l’emporter quand il ira en Abyssinie rechercher ses frères, s’il ne reçoit pas de leurs nouvelles. Ce n’est pas avec plaisir qu’il se rendra en Abyssinie pour les ramener, s’ils le veulent bien ; le cas échéant pour les secourir, s’ils sont en danger ; ou pour les voir une dernière fois, s’ils veulent rester dans ce pays. Son expédition est projetée pour le mois de juin [1845 ?].
Petit rappel du parcours de ses frères, Antoine et Arnauld.
À peine arrivés en Éthiopie en 1838, Antoine se dépare d’Arnauld, retournant en France pour s’équiper ; il quitte Paris le jour même où Arago présente les découvertes de Niepce et Daguerre[1] ; sur le chemin vers son frère cadet, il se blesse à l’œil ce qui l’oblige à se rendre au Caire pour y être soigné ; il parvient finalement à Gondar en 1842 et poursuit vers l’Inarya en 1843 ; le 3 mars 1844, il quitte cette province en direction de la mer Rouge ; une année plus tard, il retourne dans l’Inarya ; en 1847, il est à Gondar et embarque pour la France à Massaoua en 1848.
Arnauld, lui, se fond immédiatement dans la société éthiopienne jusqu’à son départ en 1848.
Patri Urkizu[2] exhume le récit de Charles publié en 1902[3] qui rapporte qu’en 1846, Charles retourne à Paris après un séjour de dix-huit-mois en Espagne et au Portugal et retrouve sa mère et ses sœurs. Sans nouvelle d’Antoine et d’Arnauld, la matrone envoie le benjamin à leur recherche. Il embarque à Marseille et se dirige vers Rome pour glaner des informations auprès des missionnaires. Au Caire, il reste trois mois pour apprendre l’arabe, ne cessant de se renseigner tous azimuts. Au port de « Suse », qu’il faut probablement comprendre Suez, il monte sur un voilier qui l’amène à Massaoua. Les quatre mois qu’il y passe sous la chaleur lui sont une torture. Sa persévérance lui porte finalement bonheur car il reçoit deux lettres, de chacun de ses frères.
Le 25 juillet 1847[4], Antoine et Charles se sert dans les bras à Massaoua. Les retrouvailles entre Charles et Arnauld ont lieu le 30 mars 1848 et sont décrites par Arnauld dans Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie (Abyssinie)[5]. Que fait Charles entre ces deux retrouvailles ? Il faudrait remonter à la source de Urkizu pour peut-être y trouver une réponse. Quoi qu’il en soit la triade se trouve à Axoum au mois de juin 1848. Antoine les quitte pour se rendre à Massaoua. Arnauld doit présenter ses respects au dedjadj Oubié et accepte d’emmener Charles. Il offre au gouverneur du Tigré un de ses chevaux en promettant de lui envoyer le second dans le cas où il retournerait en France. Il tient parole quand le 6 septembre la paire de chevaux est reformée chez Oubié.
Les trois frères sont à nouveau réunis le 25 septembre 1848 à « Ommokoullo », pas pour bien longtemps, car Antoine leur fausse compagnie huit jours plus tard pour croiser sur Djeddah. Avant de suivre le même parcours le 21 novembre, Arnauld et Charles s’accordent une partie de chasse avec Plowden.
En Egypte, Charles poursuit son chemin vers la France après avoir récupéré d’un voyage éprouvant et Arnauld reste au Caire encore huit mois pour acheter des chevaux. Elizabeth Thompson d’Abbadie a le bonheur de voir ses trois fils sains et saufs.
Biblethiophile, 20.03.2025
[1] URKIZU (Patri), Antoine d’Abbadie: Pensées, étude et voyages de 1835 (carnet inédit); Recueil de textes ethnographiques, géodésiques, linguistiques, littéraires; Anton Abbadiaren koplarien guduak. Bertso eta aire zenbaiten bilduma 1851-1897, tome 2, p. 26.
[2] URKIZU (Patri), Antoine d’Abbadie 1810-1897. Essai biographique, p. 125.
[3] COUVE (Benjamin), Jean-Charles d’Abbadie d’Arrast. Toulouse, 17 décembre 1821. Echauz, 23 décembre 1901 (Discours de MM. Second, Monod et B. Couve), Chalon-sur-Saône : impr. de E. Bertrand, (1903).
[4] URKIZU (Patri), Antoine d’Abbadie 1810-1897. Essai biographique, p. 124.
[5] Premier tome de la version originale, 1868, seul paru; édition complète éditée entre 1980 (vol. I) et 1999 (vol. IV). Merci à Éloi Ficquet de m’avoir signalé les pages 344 et suivantes du tome quatrième.