Luigi Naretti
↗ 1885 (?) ↘ 1922 (02) †
Malgré le témoignage photographique inestimable du photographe italien Luigi Naretti aux études concernant la Corne de l’Afrique, l’Encyclopaedia aethiopica n’a pas jugé utile de lui attribuer une entrée. Estelle Sohier le mentionne dans l’article consacré à la photographie. On découvre que la biographie de Luigi Naretti fait défaut et qu’il faut aller puiser dans les études des chercheurs italiens pour en apprendre un peu plus, malheureusement insuffisamment.
Luigi Naretti est né en 1859 à Parella dans la Province piémontaise d’Ivrea[1]. Contrairement à la majorité des auteurs de photographies de la Corne de l’Afrique de cette fin XIXe siècle qui sont principalement des voyageurs, photographes amateurs, Luigi Naretti est un photographe commercial. La date exacte de son arrivée à Massaoua n’est confirmée par aucune source. Seuls deux clichés de Massaoua en 1885 attestent de la présence de notre photographe dans la Corne de l’Afrique. Il est par conséquent admis que sa vie africaine commence à 26 ans. En 1885, l’armée italienne n’a pas sa propre section photographique sur le modèle des Royal Engineers de l’armée britannique qui, soit dit en passant, prenaient déjà des clichés d’Annesley Bay en 1867. Ce qui explique que les premières images de l’Erythrée naissent à l’initiative de photographes professionnels comme Mauro Ledru, Francesco et Giovanni Nicotra, Luigi Fiorillo[2].
Il s’installe à Massaoua et ouvre son premier studio à Taulud. Plus tard, il déménagera son studio à Asmara. A la mort de son cousin Giacomo, il épouse sa veuve[3]. Il aura vécu 37 ans en Erythrée lorsqu’il meurt à Asmara le 18 février 1922, à l’âge de 63 ans. Teresa lui survivra que deux années.
La majorité de ses clichés sont des années 1889-1890, parmi lesquels aucun autoportrait du photographe résident n’est connu.
Hormis ces maigres informations, les sources sont muettes. C’est pourquoi, pour garder l’attention du lecteur, il faut se tourner vers ses deux cousins, Giacomo et son frère, plus jeune, Giuseppe.
Giacomo Naretti a l’honneur de figurer dans l’Encyclopaedia aethiopica[4]. Il est également né à Parella, en 1831. Giuseppe est né en 1839. Tous les deux sont charpentiers. En 1870, Giacomo se joint à un groupe d’artisans se rendant à Adoua depuis l’Egypte. Ils atteignent Adoua le 21 avril 1871. Il devient l’architecte du negusä nägäst Yohannes IV. On lui doit, entre autres, le palace de Mäqälä. En 1876, il marie la fille métisse d’Eduard Zander, Teresa Zander, Abozzänäčč, éduquée par les missionnaires suédois dans l’Hamasen. En décembre 1877, Giacomo se rend à Alexandria pour chercher son frère Giuseppe et l’emmène à Massaoua en août 1878. Ils rencontrent l’expédition de Pellegrino Matteucci. En 1886, une année après l’occupation de Massaoua par l’Italie, Giacomo perd son crédit auprès du negusä nägäst Yohannes IV et retourne en Italie jusqu’à décembre 1887. Début 1888, il retourne à Massaoua et, avec son épouse, ils entrent au service du gouvernement coloniale. Teresa donne naissance à deux filles, Angelina (née en 1891) et Margherita (née en 1895 à Asmära). Teresa devient l’interprète personnelle de Oreste Baratieri. Giacomo Naretti meurt soudainement en 1899, à 68 ans.
Biblethiophile, 30.12.2021
[1] PALMA, Silvana, Fotografia di una colonia: l’Eritrea di Luigi Naretti (1885-1900), in TRIULZI (Alessandro, a cura di) [Quaderni storici], La colonia: Italiani in Eritrea, il Mulino, s.l. ,2002, p. 85.
[2] ZACCARIA (Massimo), In posa per una più grande Italia. Considerazioni sulle prime immagini del colonialismo italiano, 1885-1898.
[3] PUGLISI (Giuseppe), Chi e’? dell’ Eritrea 1952. Dizionario biografico con una cronologia, Agenzia Regina, Asmara, 1952, p. 217.
[4] UHLIG (Siegbert), BAUSI (Alessandro) et al., Encyclopaedia Aethiopica. A Reference Work on the Horn of Africa., Harrassowitz, Wiesbaden, 2003, 5 vols, 2003-2014; tome 3, p. 1147-1148, sous la plume de Gino Vernetto.